OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Fantasmes et corsitude http://owni.fr/2012/03/07/fantasmes-et-corsitude/ http://owni.fr/2012/03/07/fantasmes-et-corsitude/#comments Wed, 07 Mar 2012 17:42:09 +0000 Equipe Véritomètre http://owni.fr/?p=101157 OWNI-i>TÉLÉ, alors que François Bayrou se rapproche de la lanterne rouge (Marine Le Pen). Chaque jour, les data-journalists d'OWNI mesurent la crédibilité des candidats à la présidentielle et établissent leur classement grâce aux bases de données de l'application.]]>

Ce mercredi 7 mars à 18 heures, l’indice de crédibilité du Véritomètre place Eva Joly toujours en tête, bien que sa cote baisse légèrement (de 70,5 % en début de semaine à 68,9 % ce 7 mars) alors que François Bayrou et Marine Le Pen continuent à se disputer la dernière place (retrouvez l’ensemble du classement en bas de cet article).

Au cours des dernières 48 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 59 citations. Résumé des principaux éléments.

L’Europe fantasmée de Marine Le Pen

Retour au franc, protection aux frontières, non-participation au budget européen : pour justifier son programme protectionniste, Marine Le Pen dresse un portrait peu reluisant de l’Europe.
Ainsi déclarait-elle lors de son passage au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro :

La zone euro [...] a la croissance la plus faible du monde depuis 10 ans.

Nous sommes [en Europe] en situation de récession économique.

ou encore (étonnamment plus positif) :

Il n’y a pas d’inflation en Europe.

Une analyse que ne confirment guère les données d’Eurostat et la Banque Mondiale.
Si l’on se fie à ces organismes reconnus :
- l’indice des prix à la consommation (qui permet de mesurer l’inflation) a augmenté de 13,48 % dans la zone euro entre 2005 et janvier 2012 ;
- la seule année de “récession économique” connue par l’Union européenne est 2009, depuis le taux de croissance du PIB est positif ;
- si la croissance de la zone euro est relativement faible (entre 0,9 % en 2002 et 1,9 % en 2011), d’autres pays font pire, comme le Japon (0,8 % de croissance en moyenne sur les neuf dernières années).

Pour citer le Front national dans son propre programme : “La réalité ne cesse de s’éloigner de cette Europe rêvée.”

La toute petite Corse d’Eva Joly

Eva Joly s’est lancée, lors de son intervention sur RTL soir lundi 5 mars, dans une comparaison géographiquement audacieuse :

la zone d’exclusion de Fukushima fait trois fois la Corse

Les vérificateurs d’OWNI se sont replongés dans leurs formules mathématiques dûment apprises au collège pour aboutir au calcul suivant.
Selon un rapport de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le rayon de la zone d’exclusion est fixé à 20 kilomètres. Son aire est donc de 1 256 km2, soit un septième de la surface de l’île de beauté (8 680 km2). Eva Joly ne voit donc qu’un tiers de la Corse.

Jean-Luc Mélenchon conquis par la production

Invité à l’émission de TF1 “Parole de Candidat”, Jean-Luc Mélénchon utilisait l’argumentation suivante pour justifier le “partage des richesses” :

Alors que nous produisons plus que nous n’avons jamais produit de toute notre histoire, nous avons 8 millions de pauvres.

Une telle emphase pouvait rendre la citation suspecte quant à sa véracité : Jean-Luc Mélenchon est pourtant dans le vrai, du moins pour la période de “toute notre histoire” pour laquelle les vérificateurs d’OWNI ont réussi à obtenir des données, c’est-à-dire sur la période 1975-2011 (source Eurostat).
Le montant du Produit intérieur brut de la France en 2011 – 1 949 milliards d’euros – est le plus élevé depuis 1975.

Sur les 8 millions de pauvres, Jean-Luc Mélenchon est également dans le vrai : selon l’Insee, 8,17 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté en 2009 (dernières données disponibles).

Cliquez sur l'image pour une mise à jour des dernières statistiques


Retrouvez l’ensemble de nos vérifications sur Le Véritomètre OWNI-i>TELE
Illustrations par l’équipe design d’OWNI

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Pourquoi l’Estonie peut-elle intégrer l’Euro? http://owni.fr/2010/06/08/pourquoi-lestonie-peut-elle-integrer-leuro/ http://owni.fr/2010/06/08/pourquoi-lestonie-peut-elle-integrer-leuro/#comments Tue, 08 Jun 2010 14:04:05 +0000 Reckless Rose (Small Talk) http://owni.fr/?p=17824 En janvier 2011, l’Estonie deviendra le 17e membre de la zone Euro. La décision, prise par les ministres des finances des 16 pays de la zone, peut surprendre. C’est néanmoins, selon moi, une étape pragmatique qui aurait – si elle avait été retardée – envoyé un message négatif à nos voisins de l’Est Européen.

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Les points noirs du dossier estonien

Il y avait 2 raisons pour retarder l’entrée de l’Estonie.

- Une résistance générale à l’élargissement due à la crise grecque mais aussi à quelques pays de l’Est et du Sud de l’Europe qui s’accommodent toujours d’une bonne dose de corruption et de déséquilibres financiers.

- Un avis négatif de la Banque Centrale Européenne. Son principal problème est de soutenir la croissance à long-terme, et le combat contre l’inflation est considéré comme un pilier de cette stratégie. Pas sûr que l’Estonie puisse se plier à ces exigences.

Comment la BCE se rachète une légitimité

Mais on aurait tort de penser de cette manière, même si le signal de la Banque Centrale est le bienvenu. Ce signal est bienvenu, parce que la BCE a donné un avis économique et que l’une des critiques les plus virulentes à son égard ces derniers temps était son manque d’indépendance économique. Mais on aurait tort de suivre son avis parce qu’en ce moment précis, l’Estonie est le seul Etat qui respecte les critères fixés par l’Europe. Sa dette ne s’élevait qu’à 7,2% du PIB en 2009 et son déficit 2009 n’était que de 1,9%. Ces chiffres n’ont pas été obtenus sans efforts, étant donné que l’Estonie a été frappée par une bulle immobilière il y a quelques années, provoquant une chute du PIB de l’ordre de 14%. Des coupes sèches dans la force de travail, et des salaires flexibles, ont permis un rebond de l’économie. L’avis de la BCE parait bizarre compte-tenu des chiffres actuels. Selon The Economist, l’inflation était négative (-0,7%) en Estonie, bien en dessous de l’objectif de 1% de la BCE.

Tout ça ne donne pas vraiment d’indices sur le futur du pays, vu que l’inflation est repartie à 2,5% en Avril, mais souligne que ce pays ex-communiste a pris extrêmement soin de sa situation financière. Sa réussite future dépend en grande partie de ses voisins, en particulier la Suède, mais ça n’en fait pas un argument contre son entrée dans la zone Euro.

Il y a une autre raison pour laquelle nous devons nous réjouir de l’entrée de l’Estonie. Un refus – alors que tous les critères étaient remplis – aurait démoralisé bien plus que les Estoniens. Plusieurs pays attendent toujours leur entrée dans l’Euro ou dans l’Union, le plus puissant et le plus prestigieux d’entre eux restant la Turquie. Mais la Lettonie et la Lituanie attendent aussi.

La portée de cet argument dépend, en partie au moins, de votre point de vue sur le bien-fondé de l’élargissement. Ce n’est pas un mystère : le scepticisme et les peurs ont grandi au cours des 12 derniers mois. Ce n’est pas non plus une surprise, mais ça fait toujours plaisir de voir que le pouvoir politique est toujours capable de peser le pour et le contre au milieu d’une crise mondiale.

Et l’Estonie ne devrait-elle pas, elle aussi, récolter les fruits d’un marché ouvert ? Leur monnaie a été fixée à l’Euro, ce qui signifie qu’ils n’ont ni la liberté d’accès à nos marchés ni ne bénéficient des taux d’intérêts avantageux de la zone. Ces choses font qu’il n’est pas surprenant de voir un retour de l’inflation dans ces derniers mois.

Les magazines et les journaux n’ont eu de cesse de répéter que l’Euro est un projet ; un projet économique sans base politique. C’est en partie vrai. Mais si l’Estonie joue avec nos propres règles, ne devrions-nous pas jouer avec elle ?

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Billet initialement publié sur Small Talk, sous le titre Welcome Estonia.

Crédit Photo CC Flickr : Mario’s Planet.

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La Grosse Bertha http://owni.fr/2010/05/10/la-grosse-bertha/ http://owni.fr/2010/05/10/la-grosse-bertha/#comments Mon, 10 May 2010 14:45:05 +0000 Paul Jorion http://owni.fr/?p=15091 [Ce texte est un « article presslib’ »]*

Alors, est-ce vraiment depuis hier « Un pour tous, tous pour un » ?

On a en tout cas rassemblé 750 milliards d’euros. Autrement dit, on a sorti la Grosse Bertha.

Qu’est-ce qui s’est passé ces jours derniers ? Eh bien, tout ce à quoi on aurait dû penser à froid, au moment où l’on mettait en place la zone euro, on a été obligé de le résoudre à chaud, dans la précipitation et en courant dans tous les sens. Le texte du Traité de Lisbonne, tel qu’il a été rédigé, étant inutilisable, on a été obligé de le contourner par des astuces comme un SPV (Special Purpose Vehicle), une structure ad hoc à qui on prête de l’argent et qui elle, l’utilisera ni vu ni connu, sa spécificité étant qu’elle a le droit de faire toutes les choses qu’on s’était interdit de faire à soi-même. Et tout particulièrement que les nations dans la zone euro manifestent les unes envers les autres une réelle solidarité.

Eh ! que voulez-vous, c’est une Europe « libérale » que Maastricht avait mis en place, pas l’Europe solidaire dont on s’est rendu compte sur le tard qu’on avait réellement besoin !

Il reste un peu de naïveté cependant dans la démarche : défier la spéculation en se tambourinant la poitrine et en criant : « Je suis plus fort que toi ! », ça ne suffit pas. La spéculation est comme l’hydre de Lerne : on lui coupe l’une de ses sept têtes, ou même les sept à la fois, et elles repoussent aussitôt.

Ce qu’il faut mettre en place, pour mettre la spéculation hors d’état de nuire, c’est une interdiction des paris sur les fluctuations de prix. On ne pourra pas en faire l’économie.

Est-ce que tous les problèmes sont résolus ? Non bien sûr puisque le cadre conceptuel erroné est intact. Tant que la dette publique et le déficit d’une nation seront calculés par rapport à leur PIB, ils sembleront augmenter de manière mécanique en période de récession, par une illusion d’optique : simplement parce que les chiffres absolus sont divisés par un coefficient qui se réduit pendant ce temps-là comme peau de chagrin. Alors que c’est précisément dans ces périodes que les États devraient pouvoir mobiliser l’outil de l’endettement plus librement.

Pour que l’Europe de la zone euro cesse de s’en prendre à ses citoyens chaque fois que ses banquiers perdent certains de leurs paris, il faudra que dettes et déficits cessent d’être calculés en pourcentage du PIB. Si l’on ne résout pas cette erreur conceptuelle, toute crise aura toujours le même effet : elle débouchera sur des programmes d’austérité qui s’en prennent par priorité aux avantages sociaux.

Le Pacte de Stabilité de la zone euro doit être réécrit en des termes qui aient un sens du point de vue économique. Quand il aura un sens économique il aura automatiquement aussi un sens social.

Dans l’euphorie ambiante de ce matin, il ne faudrait pas perdre de vue que quelle que soit la radicalité apparente des mesures prises hier, le système qui siphonne l’argent du contribuable vers les plus grosses fortunes est toujours en place, et plus que jamais en excellente santé.

Lire, sur le même sujet et sur le même blog :

> Le Fil rouge

> La Grèce, Moody’s et le destin de la zone euro

> Pourquoi la Grèce peut sauver le monde

> Les gouvernements d’union nationale

Article initialement publié sur le blog de Paul Jorion

Illustration CC Flickr “The 10 on Crisis Street” par Andres Rueda

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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