OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les data en forme http://owni.fr/2012/08/14/les-data-en-forme-episode43/ http://owni.fr/2012/08/14/les-data-en-forme-episode43/#comments Tue, 14 Aug 2012 09:15:22 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=118044 Nous entamerons ce 43e épisode des Data en forme en finissant de moissonner la couverture “data” des JO à travers le monde — après deux chroniques (def41, def42) entièrement dédiées à cet événement planétaire. Et aujourd’hui, place au bilan.

Dernier tour, dernière manche

Côté US, c’est le Wall Street Journal qui s’est collé le mieux à l’exercice périlleux (en termes d’ergonomie, notamment) de la restitution graphique dudit bilan sportif. À défaut d’être réellement surprenant, l’exercice du WSJ “The Olympic Medal Count” [en] est propre, lisible et léger : une carte du monde, des ronds dans l’eau taillés proportionnellement au nombre de récompenses obtenues (ça bouchonne un peu en Europe), une possibilité de filtrer par discipline et par couleur de médaille — et, bien sûr, d’avoir le récapitulatif exhaustif des champions par pays. Comme on dit : c’est de l’interactive design.

Côté français, sans forfanterie : la performance est nettement supérieure (ça compensera). L’application “Jeux Olympiques de Londres“, publiée par France Info et réalisée par les amis de WeDoData, part avec la même intention de faire propre et léger.

Au final toutefois : un design plus léché, une frise chronologique bien sentie, un module “Regardez les JO autrement” affichant un classement des médailles “par habitants” (qu’on aurait vu au singulier), “par richesse” et “par délégation” qui part d’un très bon sentiment — et qui manque sans doute un peu de clarté (méthodologie ?). On ne ratera pas non plus le trombinoscope “Les Français” qui offre un véritable panorama sportif de la délégation tricolore et la petite fiche d’identité de chacun d’eux.

En bref, un projet bien mené, globalement bien conçu et gentiment réalisé. Cerise sur le gâteau : la petite explication de texte de Jean Abbiateci sur le scraping (récolte) de données qu’il a effectué pour WeDoData à l’occasion. Humilité et partage, les deux mamelles du datajournalisme !

Niveau bilan, l’intarissable Guardian nous gratifie cette semaine d’un dernier coup de fouet en pondant l’article attendu “Londres 2012 et le journalisme de données : qu’avons-nous appris des Jeux olympiques ?” [en]. Simon Rogers y pose les bases de sa réflexion — qui fera sans doute consensus, comme souvent : 1) il existe plus d’une manière [en] de lire le classement des médailles (ce que l’app française tente sans doute de démontrer aussi) ; 2) les pays n’ont pas gagné leurs médailles de la même manière [en] qu’en 2008 ; 3) les médaillé(e)s britanniques proviennent davantage des écoles publiques [en] qu’en 2008 ; 4) les athlètes sont (dé)formés [en] par leur discipline ; 5) la Grande-Bretagne n’est pas si nulle que ça [en] comparée aux Etats-Unis (ah, les pinailleries familiales) ; 6) les nageurs et nageuses vont de plus en plus vite [en] ; 7) d’où vient et où va l’argent des JO [en] — et ainsi de suite pour mettre en valeur le travail remarquable du fleuron européen du “ddj” tout au long de la compétition. À ne pas rater.

Allez, on abandonne (enfin ?) les Jeux olympiques pour revenir à la veille classique. Et il reste du lourd cette semaine à vous proposer.

Mon nom est Data — Pôle Data

Les amateurs du personnage mythique de James Bond seront forcément conquis par “007 – The Business of Bond” [en], très bon boulot de Kelvin Luck avec — là encore — tout plein de JavaScript rigolo, dont le très en vogue d3.js. Cette application a été soumise au défi “Diagrams are forever” [en] chez Information is Beautiful (David McCandless) et nous serions surpris qu’elle ne touche pas le jury d’éminents spécialistes, tant elle est conçue simplement et efficacement. Ce sont donc 22 films mis bout à bout, un rappel de leur fréquentation (US et Europe) et de leur coût de fabrication qui permet en un coup d’oeil de cerner le niveau de rentabilité de chacun (avec réajustement de l’inflation ou pas). Et tu sais quoi ? Tu peux pas test Sean Connery.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pourquoi les Américains sont si…

La question ne nous brûle pas les lèvres cette semaine, mais elle a visiblement mis des fourmis dans les doigts de Renee DiResta, investisseuse sanfranciscaine dans le civil, sur son blog No Upside. En cette période un peu chaude outre-Atlantique (élections, tout ça) et propice à l’exacerbation des différences entre #lesgens, Renee s’est demandée comment les Américains se perçoivent eux-mêmes [en]. Son postulat : taper “Why is [un des 50 états de l'Union] so” (“Pourquoi [x] est si…”) dans Google et voir ce que Google Suggest… lui suggérait.

Si vous êtes lecteur d’Owni, vous savez que Google Suggest nous éveille particulièrement. Et l’expérience data de Renee DiResta est amadouante à plus d’un titre (donc) : d’abord, la dame est investisseuse et pas journaliste ; c’est une simple citoyenne éclairée — c’est comme ça qu’elle se positionne. Ensuite, sa méthodologie est un poil tirée par les cheveux mais tient la route. Enfin le rendu (où son monsieur, développeur, a visiblement mis les mains) est simple et séduisant.

Au-delà de la cartographie interactive classique, nous avons particulièrement apprécié le travail de mise en relation du sentiment régurgité par Google Suggest par rapport à la réalité que Renee est allée chercher sur les silos de données publiques US. Le premier qui prend le temps de faire la même chose avec les départements français a gagné le droit d’être en vedette d’un des prochains épisodes des Data en forme.


Tu avances tu recules comment veux-tu que je cumule

Une fois n’est pas coutume, nos camarades du Monde ont mis les bouchées doubles pour générer une chouette dataviz politique. Autant mettre au carré d’emblée : le bouzin n’est pas des plus clairs. Circonstances atténuantes, les données à mettre en valeur sont nombreuses et complexes, et le rendu est joli — ce qui n’était pas évident de prime abord. Ambitieux, le projet “Le cumul des mandats des parlementaires socialistes” veut donc identifier en un clin d’œil la proportion des députés et sénateurs PS cumulant d’autres fonctions électives (dans les mairies, les conseils régionaux, les intercommunalités).

Pour mettre un peu de lumière : à gauche, les 425 députés et sénateurs — on peut décocher l’un des deux en haut pour n’afficher que l’autre — fractionnés en quatre groupes (de 0 à 3 mandats en sus). Sur les 425 députés et sénateurs, 201 ont un mandat supplémentaire. On se fait une idée de la répartition des 201 en se dirigeant vers la droite et en mettant en surbrillance la colonne centrale dans sa partie rose : sur les 201 députés et sénateurs, beaucoup sont aussi maires, d’autres (moins) sont adjoints, etc. Une idée générale du volume “s’illumine” sur la droite de l’écran. Ou encore, de retour à gauche, 81 élus PS ont deux mandats en sus de leur mandat principal — soit (81 x 2) 162 postes répartis… selon une proportion, ici encore, dont on sera seuls juges. Et il en va de même pour les 19 députés et sénateurs qui occupent (19 x 3) 57 postes car cumulent trois mandats supplémentaires.

C’est d’ailleurs là que la frustration est la plus grande : il manque les chiffres exacts, on n’a donc qu’une idée vague de la répartition des élus selon les fonctions locales qu’ils occupent. Tout est question de proportion et de coup d’œil.

BANG BANG BANG

On terminera avec la baffe de l’été. Celle infligée par ce petit nouveau de la dataviz nommé… Google. Le projet “Arms Trade” s’inscrit en effet dans celui, plus ambitieux, de Google Ideas [en] — qui veut “se joindre à la lutte contre les cartels de la drogue et autres réseaux illicites” en pariant que la technologie peut participer efficacement à cette lutte. Pavé dans la data-mare, Arms Trade décrit sur une mappemonde éblouissante le commerce des armes de poings (civiles et militaires) et de leurs munitions pour chaque pays du monde (import et export), à travers les vingts dernières années – données fournies par le Peace Research Institute d’Oslo. Un bon gros joujou en JavaScript qui — s’il n’en était le sujet, si sérieux — fait passablement… rêver tout metteur-en-scène de données.


Bonne data-semaine à tous !


Tous les épisodes précédents des Data en forme.
Paulette sur Twitter | Paulette sur Facebook | Paulette sur Pinterest

]]>
http://owni.fr/2012/08/14/les-data-en-forme-episode43/feed/ 7
Le best-of orwellien des JO http://owni.fr/2012/08/13/le-best-of-des-fails-orwelliens-des-jo/ http://owni.fr/2012/08/13/le-best-of-des-fails-orwelliens-des-jo/#comments Mon, 13 Aug 2012 09:46:22 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=117587
JO 2012 © : cauchemar cyberpunk

JO 2012 © : cauchemar cyberpunk

Dans la littérature cyberpunk, de grandes firmes ont supplanté l'État, qui leur a octroyé des pouvoirs exorbitants. Ce ...

Vu le contexte d’ensemble, on s’y attendait : les Jeux olympiques mettent en œuvre un dispositif qui consacre une vision hyperbolique de la sécurité et une emprise de la propriété intellectuelle, au profit du secteur privé et pour le plus grand malheur des biens communs. De nombreuses anecdotes illustrent ce dérapage orwellien dont nous avons rassemblé un bel échantillon sur une timeline.

Nombreuses, mais pas tant que cela, au regard de la rigidité du cadre qui laissait augurer de rappels à l’ordre bien plus fréquents. Comme si le public avait intégré ce carcan et s’y pliait de façon inconsciente. Ou que sur le terrain, les folles ambitions de contrôle se soient révélées impossibles à mettre en œuvre. Certains diront aussi que les médias ont dans l’ensemble surtout mis l’accent sur l’aspect sportif, événement exceptionnel oblige. De même, l’impressionnant arsenal sécuritaire – quatre agents de sécurité pour un sportif -, n’a pas particulièrement fait parler de lui par ses contre-exploits.

Sur la quinzaine d’histoires, il est notable que les réseaux sociaux, en l’occurrence Twitter, reviennent souvent. Réseau de l’immédiateté par excellence, Twitter a noué à l’occasion des Jeux un partenariat avec la chaine américaine NBC, qui l’a amené à mettre à mal son image de soutien de la liberté d’expression construite entre autres lors des révolutions arabes. La suspension du compte d’un journaliste en est l’exemple le plus frappant. Sans compter qu’un réseau centralisé peut facilement être censuré…

Dans l’intérêt intéressé de la compétition

Interrogé à ce sujet, le président du CIO Jacques Rogge avait justifié :

Nous devons protéger nos sponsors car… sans sponsors, il n’y a pas de Jeux.

IP-Watch rapporte que la valeur de la marque “JO” est estimée à 30.8 milliards de livres, soit 134 fois le montant de celle de la Banque nationale de Grèce. Quant aux sommes payées pour des infractions, elles sont estimées à 1,9 millions d’euros de dédommagement et 6,55 millions d’euros d’amendes pour 1 128 cas relevés pour les Jeux de Beijing de 2004 à 2006.

À poils !

Un internaute nous suggérait de mettre fin ainsi à cette surenchère :

On peut rêver… le temps d’un happening d’athlètes en colère contre la disparition de l’idéal porté par le baron Pierre de Coubertin.

Avec l’aide curationnelle de Calimaq, notre chroniqueur spécialiste ès #copyrightmadness, qui a consacré un pearltree au sujet, Pierre Alonso, @nabellaleen. Les dates correspondent à la date de publication des articles-sources, ce qui était le plus simple, et nous nous sommes restreints aux histoires glanées pendant les JO, du 27 au 12 août.

Image CC Flickr by Feral78

À (re)voir aussi, notre infographie commentée sur l’arsenal sécuritaire des JO.

]]>
http://owni.fr/2012/08/13/le-best-of-des-fails-orwelliens-des-jo/feed/ 25
Les Data en Forme http://owni.fr/2012/08/07/les-data-en-forme-episode42/ http://owni.fr/2012/08/07/les-data-en-forme-episode42/#comments Tue, 07 Aug 2012 13:18:27 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=117626 Les Jeux Olympiques ne cessent d’inspirer les datajournalistes et autres manipulateurs de données. La toile nous a donc livré cette semaine un joli lot de visualisations pour des datavacances très sportives.

Anneaux olympiques

On commence avec Gustavo Sousa qui nous offre (via Fubiz) un concept original et minimaliste pour une infographie particulièrement réussie. Jouant avec les anneaux olympiques (un anneau représentant un continent), cette création met en perspectives différentes données dont le nombre de prisonniers, la mortalité infantile, les ventes de délicieux soda ou encore les propriétaires d’armes à feu.

Les anneaux grossissent et diminuent en fonction des chiffres et nous laissent percevoir la différence notable de porteurs de HIV entre l’Afrique et le reste du monde, ou encore le nombre considérable de McDonalds en Amérique face aux autres continents.


Beijing vs London

On poursuit avec une nouvelle application du Guardian, qui nous propose de comparer au jour le jour les résultats des JO de Londres et ceux de Pékin pour les six pays ayant remporté le plus de médailles en 2008 (Royaume-Uni, États-Unis, Russie, Chine, Australie et Allemagne).

Ainsi, à l’issue du 9e jour (ce lundi), on remarque que le Royaume-Uni a déjà 12 médailles d’avance par rapport au même stade de la compétition il y a 4 ans. Les États-Unis ont pour leur part 5 médailles de retard mais déjà 9 médailles d’or de plus. Une visualisation interactive claire à consulter régulièrement afin de comparer les performances des pays entre deux olympiades.

Qui sont les athlètes?

Le Guardian a également entrepris de faire, avec Tableau, un panorama des 11 000 athlètes participant aux JO de Londres en fonction de leur âge, de leur taille et de leur poids. Si la visualisation, réalisée par Craig Bloodworth, se révèle particulièrement instructive, elle manque cependant d’attractivité.

Pour commencer l’internaute doit choisir une discipline parmi les pictogrammes. Les courbes permettent d’observer les moyennes à l’échelle mondiale selon le sport choisi. Les lignes de points interactifs répertorient tous les sportifs en distinguant une ligne pour les hommes et une pour les femmes, et en les classant dans un ordre croissant en fonction des filtres proposés. Enfin, une carte permet de voir les moyennes à l’échelle des pays.

Ainsi la moyenne d’âge des athlètes féminines en aviron est de 25 ans, tout comme celui des athlètes masculins. Kristin Hedstrom en compétition pour l’Angleterre et Anthony Fahden en compétition pour les États-Unis entrent dans cette moyenne. Les États-Unis ont pour leur part une moyenne d’âge de 26 ans pour l’ensemble de leurs rameurs.

Records

On enchaîne avec un histogramme interactif très complet retraçant les records du monde atteints lors des compétitions d’été depuis 1900. Chaque record est ici représenté par des points de couleurs différentes en fonction des disciplines sportives. Deux onglets permettent de faire ressortir les records établis par des hommes et ceux établis par des femmes. Un dernier onglet offre la possibilité de ne faire apparaître que les records établis lors des Jeux Olympiques d’été.

On découvre ainsi que 1976, 1999 et 2008 sont les années ayant enregistré un maximum de records. Un clic sur l’un d’eux fait apparaitre la courbe de l’évolution du record de la discipline sportive en question. Il est également possible de voir ce classement en fonction des disciplines et de la durée des records. Enfin, un motion chart appliqué à une carte permet de mettre en valeur les pays ayant comptabilisé le plus de records du monde depuis 1900.

#JO2012

Tout à fait impressionnant, Emoto nous permet de suivre les réactions et les sentiments de la twittosphère concernant les Jeux olympiques en direct. Sous forme de petits rectangles colorés défilant rapidement sur l’écran, les messages de 140 caractères fusent. Certains apparaissent plus lentement et laissent le temps à l’internaute de lire. Les tweets préalablement analysés par Emoto permettent ainsi de visualiser les sujets les plus discutés des JO 2012.

Le meilleur de son temps… dans le bassin

Le New York Times a décidé de mettre en compétition tous les médaillés d’or olympiques du 100m homme nage libre depuis 1896. En tête de cette compétition atemporelle : le Français Alain Bernard. Une animation en 3D très pédagogique accompagne cette visualisation sous forme de nuage de points afin d’en expliquer l’intérêt.

Ainsi, Alfred Hajos a remporté la course en 1896 avec un temps de 1″22. Face à tous les autres gagnants, le champion arrive loin derrière. Ce sont en effet 42 mètres qui le sépare d’Alain Bernard, vainqueur de la course en 2008. Grâce aux nouvelles technologies et à l’amélioration des méthodes d’entrainement, notamment pendant la guerre froide, les nageurs olympiques ont gagné une seconde tous les huit ans.


Le meilleur de son temps… sur la piste

Mais, à l’instar du Guardian remonté comme une pendule, le New York Times ne s’arrête pas là. Sur le même principe, ils se sont penchés sur les résultats du 100 mètres homme d’athlétisme. Cette compétition atemporelle sacre Usain Bolt, qui vient de remporter pour la seconde fois l’or aux JO de Londres.

Accompagné là encore d’une animation très réussie, on y apprend que le record du 100 mètres pour un enfant de 8 ans aujourd’hui correspond à la médaille de bronze aux Jeux d’Athènes en 1896. Un travail particulièrement impressionnant mêlant 3D et data.

Bonne data-semaine à tous !


Tous les épisodes précédents des Data en forme.
Paulette sur Twitter | Paulette sur Facebook | Paulette sur Pinterest

]]>
http://owni.fr/2012/08/07/les-data-en-forme-episode42/feed/ 1
Les data en forme http://owni.fr/2012/07/31/les-data-en-forme-41/ http://owni.fr/2012/07/31/les-data-en-forme-41/#comments Tue, 31 Jul 2012 09:05:15 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=117322 Owni se mettent à l'heure des Jeux Olympiques et vous offrent une veille hebdomadaire 100% sport.]]> Les évènements sportifs collectionnent les données, et ce n’est pas pour nous déplaire. La toile s’est enflammée ces dernières semaines pour toutes sortes de compétitions. Après un retour sur les championnats de l’année, nous revisiterons le Tour de France, et nous plongerons dans les Jeux Olympiques de Londres.

Les championnats en ligne de mire

Commençons par un coup d’œil sur les championnats des années passées. Hyperakt revient sur les matchs de l’UEFA, de la NBA et autres ligues sous forme de cibles.  Chaque “secteur” de la cible représente une équipe à laquelle une couleur est attribuée. Un petit losange blanc marque les affrontements entre les clubs. L’équipe gagnante progresse ensuite vers le centre de la cible.

La forme originale et très esthétique atteint son but. Qu’il s’agisse du Bayern de Munich contre le Chelsea Football Club, ou des Miami Heats contre Oklahoma City, les fans peuvent suivre en un clin d’oeil l’ascension de leur équipe. Mais ce n’est pas tout. Ces cibles peuvent être achetées en ligne, l’occasion pour les supporters déçus de se défouler à coup de fléchettes sur un match perdu.

Les data en selle

On continue avec le Tour de France qui s’est achevé il y a maintenant une semaine.  Cette année, et pour la première de son histoire, le Tour a consacré un Britannique. L’occasion pour les datajournalistes du Guardian de revenir sur la compétition mythique, et de rendre hommage aux nombreux gagnants depuis 1903.

Tout en précisant à chaque fois la nationalité des coureurs, différents filtres sont mis à disposition de l’internaute afin de mettre en valeur les performances des vainqueurs du Tour : l’âge, la vitesse moyenne, la distance parcourue, le pourcentage d’abandons ou encore le nombre de cyclistes ayant franchi la ligne d’arrivée.

Si, de prime abord, la visualisation manque d’attrait, elle permet malgré tout de fouiller les données en détail et de retrouver les performances des plus grands coureurs, de Maurice Garin à Bradley Wiggins.

Podiums olympiques

On enchaîne avec une visualisation interactive des médailles remportées lors de chaque Jeux Olympiques depuis 1896. Cette infographie, qui rappelle des cellules observées sous un microscope, s’organise autour des pays et de la couleur des médailles. Des pictogrammes colorés permettent également d’obtenir le classement par discipline sportive.

Une timeline interactive anime même les données dans le temps en fonction des résultats lors des différentes éditions des J.O.

Cerise sur le podium, ce module, publié sur Franceinfo.fr et conçu par Wedodata, est actualisé quotidiennement afin d’y intégrer les résultats des épreuves en cours au fur et à mesure.

Les Français aux J.O. de Londres

Wedodata ne s’arrête pas là dans sa collaboration avec France Info. Une autre application permet de découvrir les athlètes français présents dans la capitale britannique.

Ce trombinoscope présente les sportifs par discipline, par âge, par sexe et par département de leur club. Il est également possible de voir leur(s) participation(s) aux J.O. précédents, et de découvrir s’ils ont déjà été médaillés ou non. Un onglet “Médaillés 2012″ est là aussi mis à jour quotidiennement et révèle les athlètes récompensés depuis le début des Jeux de Londres.

Quel athlète êtes-vous?

Lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, vous avez peut-être rêvé de devenir gymnaste comme Li Xiaopeng ou nageuse comme Nathalie Goughlin. La BBC vous propose de découvrir à quel athlète olympique vous ressemblez le plus. Pour cette application, en espagnol uniquement, la chaîne a repris les noms, la taille et le poids des 1 882 athlètes ayant remporté les 2 058 médailles des Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

Il vous suffit donc d’entrer votre taille et votre poids pour voir apparaître les sportifs dont les morphologies sont similaires à la vôtre. Un nuage de carrés oranges vous permet de découvrir tous les athlètes sur des axes reprenant leurs mesures.

De fait, si vous mesurez 1,75 m et que vous pesez 68 kg, vous remarquerez que vous ressemblez à la basketteuse américaine Sue Bird, à la joueuse de tennis Serena Williams, ou encore à l’athlète russe Maksim Dyldin.

Les J.O. sur les réseaux

Les marques ont toujours utilisé les grands évènements pour faire de la pub, ce n’est pas un secret, mais depuis l’avènement des réseaux sociaux, les compétitions sportives mondiales se vivent différemment, et se partagent avec le monde entier. 2012 et les J.O. de Londres enregistrent déjà des chiffres records.

Le Pappas Group le met en évidence dans une infographie aux couleurs chatoyantes. Qu’il s’agisse de YouTube, Twitter, Facebook, Google, ou des chaînes utilisées par les sponsors officiels, le Pappas Group raconte le pouvoir des réseaux lors d’une compétition mondiale.

Ainsi, la vidéo de promotion de Coca-Cola “Move to the beat” a été postée plus de 3 millions de fois sur Facebook, de même que les “Global cheers” de Visa ont été postés sur Facebook et Youtube près de 18 millions de fois.

Cashback 2012

Pour finir, alors que la crise économique est dans toutes les têtes, on peut se demander combien coûte un évènement comme les Jeux Olympiques ? Le Guardian propose cette semaine une balade au cœur du porte-monnaie des Jeux.

Sous la forme d’un système solaire, les £10.8 milliards (€12.8 milliards) dépensés dans la compétition par le comité olympique (Locog), les autorités publiques et l’Olympic Delivery Authority, de même que les £11.3 milliards (€14 milliards) de financement sont décortiqués. Chaque bulle a une couleur propre à l’autorité concernée.

On y découvre que £475 millions (€607.7 millions) sont alloués aux services de sécurité, de police et de l’armée, et que le gouvernement britannique débourse £6.2 milliards (€7.7 milliards) dans la compétition. Une visualisation interactive minimaliste qui a le mérite de donner un aperçu clair du budget des J.O.

Bonne data-semaine à tous !


Tous les épisodes précédents des Data en forme.
Paulette sur Twitter | Paulette sur Facebook | Paulette sur Pinterest

]]>
http://owni.fr/2012/07/31/les-data-en-forme-41/feed/ 4
JO 2012 © : cauchemar cyberpunk http://owni.fr/2012/07/30/jo-2012-bienvenue-en-dystopie-cyberpunk/ http://owni.fr/2012/07/30/jo-2012-bienvenue-en-dystopie-cyberpunk/#comments Mon, 30 Jul 2012 10:56:08 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=117286 À première vue, il y a assez peu de rapports entre les Jeux olympiques de Londres et les univers dystopiques du cyberpunk, tel qu’ils ont été imaginés à partir des années 80 dans les romans de William Gibson, de Bruce Sterling, de Philip K. Dick ou de John Brunner.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

À bien y réfléchir cependant, le dopage – dont le spectre rôde sans surprise toujours sur ces Jeux 2012 – est déjà un élément qui fait penser au cyberpunk, où les humains cherchent à s’améliorer artificiellement par le biais d’implants bioniques ou l’absorption de substances chimiques.

Mais c’est plutôt à travers la gestion des droits de propriété intellectuelle par le CIO que l’analogie avec le cyberpunk me semble la plus pertinente et à mesure que se dévoile l’arsenal effrayant mis en place pour protéger les copyrights et les marques liés à ces Jeux olympiques, on commence à entrevoir jusqu’où pourrait nous entraîner les dérives les plus graves de la propriété intellectuelle.

Une des caractéristiques moins connues des univers cyberpunk est en effet la place que prennent les grandes corporations privées dans la vie des individus. L’article de Wikipédia explicite ainsi ce trait particulier :

Multinationales devenues plus puissantes que des États, elles ont leurs propres lois, possèdent des territoires, et contrôlent la vie de leurs employés de la naissance à la mort. Leurs dirigeants sont le plus souvent dénués de tout sens moral. La compétition pour s’élever dans la hiérarchie est un jeu mortel.

Les personnages des romans cyberpunk sont insignifiants comparativement au pouvoir quasi-divin que possèdent les méga-corporations : ils sont face à elles les grains de sable dans l’engrenage.

Dans les univers cyberpunk, les firmes privées les plus puissantes ont fini par absorber certaines des prérogatives qui dans notre monde sont encore l’apanage des États, comme le maintien de l’ordre par la police ou les armées. Les corporations cyberpunk contrôlent des territoires et les employés qui travaillent pour elles deviennent en quelque sorte l’équivalent de “citoyens” de ces firmes, dont les droits sont liés au fait d’appartenir à une société puissante ou non.

Olympics Game Act

Pour les JO de Londres, le CIO est parvenu à se faire transférer certains droits régaliens par l’État anglais, mais les romanciers de la vague cyberpunk n’avaient pas prévu que c’est par le biais de la propriété intellectuelle que s’opérerait ce transfert de puissance publique.

Image de gauche : Des opposants aux Jeux qui détournent le logo officiel de l’évènement. Vous allez voir que ce n’est pas sans risque sur le plan juridique… | Image de droite : Des affiches protestant contre les restrictions imposées par le CIO sur le fondement du droit des marques.

Pour défendre ses marques et ses droits d’auteur, mais aussi être en mesure de garantir de réelles exclusivités à ses généreux sponsors comme Coca-Cola, Mac Donald’s, Adidas, BP Oil ou Samsung, le CIO a obtenu du Parlement anglais le vote en 2006 d’un Olympics Game Act, qui lui confère des pouvoirs exorbitants. L’Olympics Delivery Authority dispose ainsi d’une armada de 280 agents pour faire appliquer la réglementation en matière de commerce autour des 28 sites où se dérouleront les épreuves et le LOCOG (London Organizing Committee) dispose de son côté d’une escouade de protection des marques, qui arpentera les rues de Londres revêtue de casquettes violettes pour s’assurer du respect de l’Olympics Brand Policy. Ils auront le pouvoir d’entrer dans les commerces, mais aussi dans les “locaux privés”, et de saisir la justice par le biais de procédures d’exception accélérées pour faire appliquer des amendes allant jusqu’à 31 000 livres…

L’Olympics Game Act met en place une véritable police du langage, qui va peser de tout son poids sur la liberté d’expression pendant la durée des jeux. Il est par exemple interdit d’employer dans une même phrase deux des mots “jeux”, “2012″, Twenty Twelve”, “gold”, “bronze” ou “medal”. Pas question également d’utiliser, modifier, détourner, connoter ou créer un néologisme à partir des termes appartenant au champ lexical des Jeux. Plusieurs commerces comme l’Olympic Kebab, l’Olymic Bar ou le London Olympus Hotel ont été sommés de changer de noms sous peine d’amendes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’usage des symboles des Jeux, comme les anneaux olympiques, est strictement réglementé. Un boulanger a été obligé d’enlever de sa vitrine des pains qu’il avait réalisés en forme d’anneaux ; une fleuriste a subi la même mésaventure pour des bouquets reprenant ce symbole et une grand-mère a même été inquiétée parce qu’elle avait tricoté pour une poupée un pull aux couleurs olympiques, destiné à être vendu pour une action de charité !

Cette règle s’applique aussi strictement aux médias, qui doivent avoir acheté les droits pour pouvoir employer les symboles et les termes liées aux Jeux. N’ayant pas versé cette obole, la chaîne BFM en a été ainsi réduite à devoir parler de “jeux d’été” pour ne pas dire “olympiques”. Une dérogation légale existe cependant au nom du droit à l’information pour que les journalistes puissent rendre compte de ces évènements publics. Mais l’application de cette exception est délicate à manier et le magazine The Spectator a été inquiété pour avoir détourné les anneaux olympiques sur une couverture afin d’évoquer les risques de censure découlant de cet usage du droit des marques. Cet article effrayant indique de son côté que plusieurs firmes anglaises préfèrent à titre préventif s’autocensurer et dire “The O-word” plutôt que de se risquer à employer le terme “Olympics“. On n’est pas loin de Lord Voldemort dans Harry Potter, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Dire-Le-Nom !

Censure

Le dérapage vers la censure, le CIO l’a sans doute déjà allègrement franchi. Le blog anglais Free Speech rapporte que les comptes Twitter d’activistes protestant contre la tenue des Jeux à Londres ont été suspendus suite à des demandes adressées à Twitter, parce qu’ils contenaient dans leur nom les termes JO 2012. Des moyens exceptionnels de police ont aussi été mis en place pour disperser les manifestations et patrouiller dans plus de 90 zones d’exclusion. Plus caricatural encore, il n’est permis de faire un lien hypertexte vers le site des JO 2012 que si l’on dit des choses positives à leurs propos ! Même Barack Obama et Mitt Romney ont été affectés par la police du langage du CIO, qui a exigé pour violation du copyright que des vidéos de campagne faisant allusion aux JO soient retirées…

Pour les spectateurs qui se rendront dans les stades, le contrôle sera plus drastique encore et ils seront liés par des clauses contractuelles extrêmement précises, détaillées sur les billets d’entrée. Ces mesures interdisent par exemple de rediffuser des vidéos ou des photos sur les réseaux sociaux, afin de protéger les exclusivités accordées aux médias et là encore, des cellules de surveillance ont été mises en place pour épier des sites comme Twitter, Facebook, YouTube, Facebook ou Instagram.

Image de droite : Tatouage cyberpunk, mais l’athlète avec la marque d’une firme sur le bras n’est pas encore plus représentatif de ce courant de la Science Fiction ?

Les règles des jeux dicteront également aux spectateurs jusqu’à ce qu’ils doivent manger. Impossible par exemple d’échapper aux frites de Mac Donald’s dans les lieux où se dérouleront les épreuves, ce dernier ayant obtenu une exclusivité sur ce plat, sauf comme accompagnement du plat national des fish’n chips pour lequel une exception a été accordée ! La propriété intellectuelle dictera également la manière de s’habiller, les autorités olympiques ayant indiqué qu’on pouvait tolérer que les spectateurs portent des Nikes alors qu’Adidas est sponsor officiel, mais pas qu’ils revêtent des T-Shirts Pepsi, dans la mesure où c’est Coca-Cola qui a payé pour être à l’affiche ! Pas le droit non plus d’apporter des routeurs 3G ou WiFi sous peine de confiscation : British Telecom a décroché une exclusivité sur l’accès WiFi et les spectateurs devront payer (mais uniquement par carte Visa, sponsor oblige !).

On pourrait encore multiplier ce genre d’exemples digne de Kafka, mais la démonstration me semble suffisamment éloquente. Ces Jeux de Londres nous font pleinement entrer dans l’âge cyberpunk. Un formidable transfert de puissance publique vers des firmes privées a été réalisé, en utilisant comme levier des droits de propriété intellectuelle. On mesure alors toute la force des “droits exclusifs” attachés aux marques et au copyright, dès lors qu’ils s’exercent ainsi de manière débridée, dans un environnement saturé de signes et de logos. Le Tumblr OpenOlymPICS documente la manière dont la ville de Londres s’est transformée avec l’évènement et comment les lieux se sont couverts d’allusion aux JO : ce sont autant de “marques” qui donne prise au pouvoir du CIO sur l’espace.

Cette propriété privée aboutit en fait bien à “priver” les citoyens de leurs libertés publiques pour les soumettre à la loi des corporations. Grâce à ces droits, ce sont des biens publics essentiels comme les mots du langage, l’information, l’espace urbain, les transports en commun, la gastronomie, les codes vestimentaires qui sont “privatisés”.

Au-delà d’ACTA ou de SOPA

Le déclic qui m’a le plus fortement fait penser à l’univers cyberpunk, je l’ai eu lorsque nous avons appris qu’un athlète avait décidé de louer son épaule pour faire de la publicité sauvage pour des marques n’ayant pas versé de droits aux CIO par le biais d’un tatouage. Ce coureur a mis son propre bras aux enchères sur eBay et il s’est ainsi offert à une agence de pub’ pour 11 100 dollars. On est bien ici dans la soumission d’un individu à une corporation et elle passe comme dans les romans cyberpunk par des modifications corporelles qui inscrivent cette vassalité dans la chair !

Ces dérives sont extrêmement graves et elles dessinent sans doute les contours d’un avenir noir pour nos sociétés. Au cours de la lute contre ACTA, SOPA ou PIPA, l’un des points qui a attiré le plus de critiques de la part des collectifs de lutte pour la défense des libertés était précisément le fait que ces textes transféraient à des opérateurs privés (FAI ou titulaires de droits) des pouvoirs de police pour faire appliquer les droits de propriété intellectuelle. C’est exactement ce que la Quadrature du net par exemple reprochait au traité ACTA, dans cette vidéo Robocopyright ACTA, qui détournait d’ailleurs un des films emblématiques de la culture cyberpunk.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ce que le CIO a obtenu du gouvernement britannique dépasse très largement tout ce qui figurait dans ACTA ou SOPA en termes de délégation de puissance publique. J’ai encore du mal à le croire, mais dans cet article, on apprend même que le Ministre de la défense britannique prévoyait, à la demande des autorités olympiques, d’installer des batteries de missiles sur des toits d’immeubles d’habitation pour protéger des sites olympiques d’éventuelles attaques terroristes. Si ça, c’est pas cyberpunk !

manifestation anti Jeux olympiques2012

Olympics 2012 London Missile Protest. Par OpenDemocraty. CC-BY-SA. Source : Flickr

“D’une dictature ou d’un pays ultralibéral“

Dans un article paru sur le site du Monde, Patrick Clastre, un historien spécialisé dans l’histoire des Jeux indique que le degré de contrôle n’a jamais été aussi fort que pour ces Jeux à Londres, bien plus en fait qu’il ne le fut à Pékin en 2008. Il ajoute que pour imposer ce type de règles, le CIO a besoin “d’une dictature ou d’un pays ultralibéral“.

Cette phrase est glaçante.

Imaginez un instant qu’un parti politique par exemple ait la possibilité de contrôler les médias, de mettre en œuvre une censure, de lever une police privée, de faire fermer des commerces, d’imposer à la population des règles concernant la nourriture et l’habillement, etc. Ne crierait-on pas à la dérive fascisante et n’aurait-on pas raison de le faire ? Le niveau de censure et de contrôle exercé en ce moment à Londres est-il si différent de celui qui pesait sur les populations arabes avant leurs révolutions ?

Doit-on faire deux poids, deux mesures parce que des firmes et des marques sont en jeu plutôt qu’un parti ? En ce sens, je vois un certain parallèle entre ces jeux de Londres de 2012 et les funestes jeux de Berlin de 1936. On dira peut-être que je marque un point Godwin, mais en termes d’atteinte aux libertés publiques, est-on vraiment si éloigné de ce qui se passait en Allemagne durant l’entre-deux-guerres ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La semaine dernière, Jérémie Nestel du collectif Libre Accès a écrit un billet extrêmement fort, intitulé “la disparition des biens communs cognitifs annonce une société totalitaire“. J’étais globalement d’accord avec son propos, même si je trouvais l’emploi du terme “totalitaire” contestable. Mais cet article comporte les passages suivants, qui font directement écho aux dérapages juridiques des Jeux olympiques :

La volonté des multinationales de privatiser les biens communs cognitifs est une atteinte à la sphère publique. La sphère publique, jusqu’à présent désignée comme un espace ouvert accessible à tous, au sein duquel on peut librement circuler, peut s’étendre aux espaces cognitifs. [...]

Empêcher la transformation d’une œuvre, et crèer artificiellement une frontière au sein « des espace communs de la connaissance » est un acte propre à une société totalitaire.

Les règles mises en place par le CIO pour protéger ses droits de propriété intellectuelle portent gravement atteinte à la sphère publique et elles aboutissent à la destruction de biens communs essentiels. Hannah Arendt explique très bien que le totalitarisme opère en détruisant la distinction entre la sphère publique et la sphère privée. Dans le cas des fascismes d’entre-deux-guerres ou du stalinisme, c’est la sphère publique qui a débordé de son lit et qui a englouti la sphère privée jusqu’à la dévorer entièrement.

Les dérives de la propriété intellectuelle que l’on constate lors de ces Jeux olympiques fonctionnent en sens inverse. C’est cette fois la sphère privée qui submerge l’espace public et le détruit pour le soumettre à sa logique exclusive. L’effet désastreux sur les libertés individuelles est sensiblement identique et c’est précisément ce processus de corruption qu’avaient anticipé les auteurs du cyberpunk, avec leurs corporations souveraines.

À la différence près qu’ils n’avaient pas imaginé que ce serait la propriété intellectuelle qui serait la cause de l’avènement de ce cauchemar…

En France aussi

Ne croyons pas en France être à l’abri de telles dérives. Tout est déjà inscrit en filigrane dans nos textes de lois. Le Code du Sport prévoit déjà que les photographies prises lors d’une compétition appartiennent automatiquement aux fédérations sportives, ce qui ouvre la porte à une forme d’appropriation du réel. A l’issue de l’arrivée du Tour de France, des vidéos amateurs ont ainsi été retirées de YouTube à la demande de la société organisatrice du Tour, avec l’accord du CSA, qui dispose en vertu d’une autre loi du pouvoir de fixer les conditions de diffusion de ce type d’images. Et les compétences de cette autorité s’étendent aux manifestations sportives, mais plus largement “aux évènements de toute nature qui présentent un intérêt pour le public“

Réagissons avant qu’il ne soit trop tard et refusons ces monstruosités juridiques !

PS : une chose qui me fait rire quand même, c’est que visiblement le CIO rencontre quelques problèmes avec le logo des Jeux de Londres 2012, qu’un artiste l’accuse d’avoir plagié à partir d’une de ses œuvres…

Article initialement publié sur le blog :: S.I.Lex :: de Calimaq sous le titre “Comment la propriété intellectuelle a transformé les Jeux olympiques en cauchemar cyberpunk”

Image de une PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par Stuck in Customs

Retrouvez toutes les chroniques juridiques de Calimaq publiées chaque semaine sur Owni

]]>
http://owni.fr/2012/07/30/jo-2012-bienvenue-en-dystopie-cyberpunk/feed/ 142
[Vizu] Sécurité olympique http://owni.fr/2012/07/27/securite-jeux-olympiques-londres-g4s/ http://owni.fr/2012/07/27/securite-jeux-olympiques-londres-g4s/#comments Fri, 27 Jul 2012 17:53:23 +0000 Pierre Alonso, Sabine Blanc http://owni.fr/?p=117234 Owni plonge dans un Londres sous haute surveillance. Avec une infographie et un chiffre clé : 1 athlète pour 4 agents de sécurité (toutes catégories confondues).]]>

Pour ces XXXe olympiades qui s’ouvrent vendredi à Londres, les organisateurs ont vu sécurisé, très sécurisé. Un chiffre pour illustrer cette démesure : quatre agents de sécurité, toutes catégories confondues, pour un athlète (voir notre visualisation).

L’armée britannique met à disposition 17 000 hommes, soit 70% de plus que les troupes présentes en Afghanistan. Initialement, les effectifs ne devaient pas être aussi étoffés : au dernier moment, 3 500 hommes ont été appelés, pour pallier l’échec de la société de sécurité privée G4S, médaille d’or incontestée des ratés.

Médaille d’or du fiasco

“Fiasco”, “désastre”, “inexcusable”, “inacceptable”. “Amateur”. Les députés britanniques n’avaient de mots assez forts pour qualifier “l’humiliant” échec de G4S, rapporte le Guardian dans un article acerbe. Nicola Blackwood, députée conservatrice d’Oxford Ouest et Abingdon, confiait alors avoir eu peu confiance en G4S auparavant, “et plus du tout à présent”.

Le géant de la sécurité privée avait remporté l’appel d’offre et devait, dans un premier temps, fournir 2 000 gardes, pour un contrat de 86 millions de livres (environ 108 millions euros). Un deal revu à la hausse en décembre : c’est finalement plus du quintuple des effectifs que l’entreprise s’engage à apporter, 10 400 hommes et une addition qui s’élève à 284 millions de livres (362 millions d’euros).

Mais patatra ! Alors que la date fatidique se rapproche, G4S annonce qu’il ne pourra honorer ses engagements. Le 12 juillet, deux semaines avant le début de la grand’messe sportive, l’entreprise déclare que les objectifs de recrutement et de formation n’ont pu être remplis. Coup dur pour l’organisation des JO, qui a placé la sécurité de l’événement au premier rang de ses priorités. Le souvenir des attentats de 2005 est encore vif. La veille de l’explosion dans les métros et le bus, le CIO avait annoncé que la candidature de Londres était retenue.

Opération déminage

Face au fiasco G4S, les autorités ont lancé une opération déminage, à grand renfort de méthode Coué. Le président de Londres 2012, Lord Sebastian Coe se montre confiant :

Nous allons travailler dur, nous allons remédier à cela. La sécurité ne sera pas compromise. Ce n’est pas une question de chiffre, c’est une question de mélange [des personnels, NDLR].

Même écho au ministère de la culture. “Il est complètement normal” pour un contractuel de ne pas réussir à tenir ses engagements sur un projet de cette envergure selon Jeremy Hunt, qualifiant au passage d’”honorable” le comportement de G4S. Les députés, qui ont convoqué le directeur, Nick Buckles, n’ont pas partagé ce point de vue… Nick Buckles lui-même a dit regretter d’avoir accepté son contrat.

La suite a donné raison aux sceptiques. Le Guardian a raconté que les examens pouvaient être repassés plusieurs fois par ceux qui échouaient à la première tentative. Les apprentis vigiles pouvaient discuter entre eux des réponses au vu et au su des surveillants. Quant à l’utilisation des scanners, les futurs agents ont reçu des formations, minimes, de 20 minutes pour apprendre à détecter les armes.

Militarisation du pays

Le fiasco de G4S aura eu deux conséquences sérieuses. Ruiner les chances de G4S pour l’appel d’offre concernant la gestion de neuf prisons et la privatisation la police dans les régions des Midlands de l’Ouest et du Surrey, un contrat record de 1,5 milliards d’euros. Et militariser le pays pendant toute la période des Jeux Olympiques.

Face aux lacunes de G4S, les autorités ont décidé de faire appel à l’armée. 17 000 militaires seront déployés, une situation inédite depuis… la Second guerre mondiale. Clou – acéré – du dispositif : des missiles sol-air ont été installés sur plusieurs sites à l’intérieur de la capitale, y compris sur les toits d’immeubles d’habitations.

Les habitants de la Fregg Wing Tower, dans l’Est de Londres, ont tenté de s’y opposer. En vain. La justice a donné raison à la sécurité. L’un des avocats des habitants, Martin Howe, l’a expliqué à Rue89 :

C’est la première fois, dans l’histoire de la Grande Bretagne, que pendant une période de paix des troupes, des armes sont postées dans une aire résidentielle, avec des citoyens lambda. La dernière fois, c’était pendant le Blitz, en 1941, quand la Luftwaffe est venue. C’était quand même très différent comme situation.

A Lexington, au nord du centre de Londres, un château d’eau accueille une batterie de missiles sol-air à grande vitesse d’une portée de 5 km. Un navire de guerre, le HMS Ocean, mouille dans les eaux de la Tamise et transporte des hélicoptères de combats. Le secrétaire d’État à la Défense, Philip Hammond a précisé que “[des] hommes déployés au sol seront épaulés par des jets rapides et des hélicoptères qui protégeront le ciel de Londres pendant les Jeux”.

Arrestations en série

Les services antiterroristes n’ont pas été en reste durant toute la préparation. Dans une rare déclaration publique, le chef du MI5 – le FBI de sa Majesté – avait averti que les Jeux Olympiques constituaient “une cible privilégiée” par certains groupes terroristes, ajoutant après les précautions oratoires de mise (“Parler du futur revient toujours à parler de l’incertitude”) :

Les jeux ne seront pas une cible facile. Nous avons démantelé de multiples projets terroristes ici et à l’étranger ces dernières années ce qui prouve bien que le Royaume-Un n’est pas une cible si facile pour le terrorisme.

Scotland Yard a allié le geste à la parole. Fin juin, deux suspects ont été interpelés par la section antiterroriste de la Metropolitan Police. Ils avaient été aperçus pagayant sur un canoë à proximité du village olympique et tirant avec des armes à feu dans l’Essex, à l’Est de Londres.

Quelques jours plus tard, sept autres suspects étaient arrêtés dans le nord du pays, officiellement sans lien avec les Jeux Olympiques, qui commencent vendredi soir. “Plus vite, plus haut, plus fort”, sous le plus mauvais temps que Londres ait connu depuis que les statistiques existent.

CLiquez sur l'infographie pour l'afficher en haute définition.


Infographie réalisée par Loguy, avec l’aide d’Aidan MacGuill, éditeur d’Owni.eu.
Les données et les sources utilisées pour l’infographie sont disponibles en suivant ce lien.

]]>
http://owni.fr/2012/07/27/securite-jeux-olympiques-londres-g4s/feed/ 1
Les Data en forme http://owni.fr/2012/07/18/les-data-en-forme-9/ http://owni.fr/2012/07/18/les-data-en-forme-9/#comments Wed, 18 Jul 2012 15:28:03 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=116501 Owni prend de la légèreté en cette période d'été : on chante, on joue au Lego, on se balade dans les idées du monde... Et bien sûr, on se prépare aux Jeux Olympiques. ]]> Une fois n’est pas coutume, nous allons cette semaine partir du plus LOL pour arriver au plus sérieux. Parce que c’est juillet, les vacances et que le soleil est plus garanti sur nos écrans que dans le ciel parisien.

Je chante, tu chantes, il dataviz

Lancé par Florent Maurin (par ailleurs chroniqueur sur la chouette émission estivale de France Inter dédiée sur les questions numériques : Antibuzz), ce tumblr sobrement intitulé « Dalalalataviz » résume les chansons des plus grands artistes (Abba, Jackson 5… Bratisla Boys) en une dataviz. Le résultat est très drôle et les auteurs débordent d’imagination.
Si l’idée vous inspire, lancez-vous. Chacun est libre de soumettre ses traductions visuelles : Florent Maurin précise qu’il s’agit d’un projet « open-soupe ».

Mémo Lego

Les briques de couleurs et tailles diverses produites par la société Lego s’adaptent parfaitement à la data visualization et à l’infographie, comme l’avait montré l’événement Expoviz et ses ateliers. La société Lego s’en est également servi pour expliquer simplement le principe d’une infographie : passer d’un ensemble fouilli de data à des données représentées visuellement en les ayant au préalable triés et arrangées.

A quel gros ressemblez-vous ?

Où vous situez-vous sur l’échelle d’obésité mondiale ? C’est à cette étonnante question que la nouvelle application de la BBC vous propose une réponse. Après nous avoir permis de savoir combien de personnes vivaient sur la planète le jour de notre naissance ou encore d’évaluer l’étendue des pertes durant la seconde guerre mondiale en se basant sur nos amis facebook, la BBC poursuit dans sa série d’applications alliant graphiques, données mondiales et forte personnalisation.
Ici, le « calculateur » vous demande de saisir votre âge, votre sexe, votre poids et votre pays pour vous comparer ensuite à l’échelle mondiale. Le résultat est souvent étonnant : le poids moyen est ainsi plus élevé en Jamaïque qu’aux Etats-Unis.

L’anamorphose des athlètes

Impossible d’échapper à l’actualité sportive, même dans la planète Data. A partir du 27 juillet, Londres accueille les Jeux Olympiques. Le Datastore du Guardian en a pris son parti en créant une rubrique spécifique consacrée aux données olympiques de 2012 : graphiques de comparaisons entre les JO accueillis par Londres (en 1908, 1948 et 2012), liste complète des athlètes britanniques concourant à la compétition, etc.
Cette rubrique recense également les visualisations pertinentes réalisées sur ce sujet, comme cette carte en anamorphose, réalisée pour l’association Join In par Kiln, spécialiste de cette technique, créateurs notamment de The Carbon Map.
Cette carte des JO permet de visualiser l’origine des athlètes selon leur sport. Là où certains faits semblent évidents (les athlètes concourant pour la navigation à voile viennent plus souvent des régions côtières), d’autres moins connus sont mis en lumière : la prépondérance du sud comme origine des tennisman, le curieux équilibre nord/sud pour le basketball, écrasant toutes les régions.

Toutes les idées du monde

Il y a environ un mois, Simon Rapper, statisticien britannique, s’était essayé à la visualisation de l’histoire de la philosophie et des influences entre auteurs. Il a inspiré Brendan Griffen qui a reproduit son idée (scraper Wikipédia et sélectionner ceux dont il est mentionné « influencé par » ou « ayant influencé ») à l’échelle de Wikipédia tout entier : sa méthodologie est expliquée ici.
Le résultat est impressionnant. Tant par sa taille (attention au temps de chargement) que par son contenu.
Sur ce graph, réalisé avec le logiciel de graphiques Gephi, la taille des nœuds est proportionnelle au nombre de connections entre deux élements. Plus le nœud est important, plus grande est l’influence de cette personne. Nietzsche, Kant, Hegel, Hemingway, Shakespeare, Platon, Aristote et Kafka trustent sans surprise l’ensemble des liens. Cependant, d’autres connections méritent également le coup d’oeil : la forte influence des artistes comme Andy Warhol ou Marcel Duchamp par exemple.

Comment choisir son graphique

Minute pédagogie. C’est une évidence : le choix du graphique ou du type de visualisation est essentiel dans le fait de rendre lisible une infographie ou une data visualisation. Pour simplifier cette étape, des outils ont commencé à faire leur apparition, comme le tableau des méthodes de visualisation, utilisant le concept du tableau de classification périodique des éléments chimiques.
Andrew Abela, professeur de marketing et consultant en design, a réalisé quant à lui un graphique de choix de graphique, sous la forme d’un test. La question principale se situe au milieu : « Que voulez-vous montrer ? ». Puis, suivant la réponse (une comparaison, une composition, une distribution, une relation) et les caractéristiques des données (statiques, évolutives, accumulatives,..) que le lecteur souhaite, le graphique qui semble le plus approprié est affiché au bout de la ligne.
L’équipe de Juice Labs en a d’ailleurs réalisé une version interactive, mais presque moins lisible car elle ne centralise pas tous les éléments sur une seule page.

Une vision d’intensité

Une belle visualisation pour terminer cette chronique : celle de John Nelson sur les séismes dans le monde depuis 1898, représentés selon leur magnitude. John Nelson a utilisé les données de l’NCEDC (Nothern California Earthquake Data Center), USGS (US Geological Survey) et de l’Université de Berkeley, qu’il a replacé sur un des fonds de visualisations fournies par la Nasa. Outre l’esthétique permise par le fond de carte, les informations sur les zones les plus dangereuses ressortent clairement. John Nelson avait également représenté avec succès les incendies majeurs ayant frappé les Etats-Unis.

Bonne data-semaine à tous !


Tous les épisodes précédents des Data en forme.
Paulette sur Twitter | Paulette sur Facebook | Paulette sur Pinterest

]]>
http://owni.fr/2012/07/18/les-data-en-forme-9/feed/ 40