OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Visualiser le “Ghost in the field” de l’urbanité numérique http://owni.fr/2011/05/23/visualiser-ghost-in-the-field-urbanite-numerique-ondes-wifi/ http://owni.fr/2011/05/23/visualiser-ghost-in-the-field-urbanite-numerique-ondes-wifi/#comments Mon, 23 May 2011 06:30:58 +0000 nicolasnova http://owni.fr/?p=63300 Urban After All S01E18

Ce qui frappe dans “l’urbanité numérique”, c’est son invisibilité. Or cette couche informationnelle omniprésente existe bien. Comme le soulignait le géographe Boris Beaude dans un colloque sur ce thème, “il serait dangereux et anachronique de considérer les technologies de communication numériques comme irréelles“. On oublie souvent que l’utilisation de téléphones mobiles ou de services géolocalisés repose sur un socle constitué de toutes sortes d’ondes et de protocoles de communication “sans fils”. Le citadin moyen se retrouve ainsi entouré de flux par lesquels transitent “du numérique” : des informations sont véhiculées via des réseaux téléphoniques (GSM, 3G), des normes de télécommunication aux noms parfois poétiques (la dent bleue “bluetooth”), parfois old-school (la fidélité sans fil WiFi), etc.

La diffusion de ces ondes interroge évidemment les scientifiques en raison de leur nocivité potentielle. En parallèle, artistes et designers empruntent des voies alternatives pour explorer les implications de cette présence. Ces perspectives créatives soulèvent peu de questions en termes scientifiques. Mais, par leur puissance visuelle, elles interpellent l’audience sur l’existence bien réelle du numérique dans notre environnement urbain, contribuant ainsi à l’un des débats majeurs de notre société.

Des ondes intrusives

La manière la plus simple de mettre à jour cette présence consiste à visualiser le spectre électromagnétique occupé par ces systèmes de communication. Peut-être du fait du caractère sensible de ce sujet, ce sont les artistes et les designers qui ont le plus avancé sur ces questions.

Le projet “Tuneable Cities / Hertzian Tales [en] de Dunne & Rabby [en] en 1994 proposait déjà de superposer à l’espace urbain des formes et couleurs correspondant aux ondes alentours cartographiées par les deux designers. Le principe était alors de représenter la manière dont chaque lieu possède une véritable extension invisible via les ondes radio. Mais c’est certainement Magnetic Movie [en] du collectif anglais Semiconductor qui frappe le plus :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ce projet de représentation visuelle et sonore du champ électromagnétique présent dans divers lieux aux États-Unis interpelle sur la présence envahissante de tous ces signaux. Ceux-ci se manifestent sous la forme de nervures colorées ou de halos bigarrés avec une nervosité accentuée par les sifflements choisis par les artistes. Ce qui ressort, c’est la nature intrusive de ces ondes et leur comportement erratique voire perturbateur.

Dans un registre plus urbain, les travaux menés à l’école d’architecture et de design d’Oslo [en] vont encore plus loin. Leur projet “Immaterials: Light painting WiFi” [en] matérialise le “terrain immatériel” formé par les réseaux WiFi et s’interroge sur le sens à donner à de telles visualisations.

La méthode employée par les chercheurs est astucieuse :

Pour étudier les qualités spatiales et matérielles des réseaux sans-fil, nous avons construit une “canne de mesure” qui quantifie la force du signal WiFi avec une barre lumineuse. Lorsque l’on bouge cette canne dans l’espace, elle indique les changements de force du signal. Des photos avec un long temps d’exposition permettent de révéler la présence du signal.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Comme le spécifient les chercheurs, ce travail souligne plusieurs caractéristiques de l’avènement de cette ville numérique. Elles témoignent déjà de la manière dont un bâtiment peut “s’étendre” dans son voisinage. Et cela n’est pas sans conséquence en termes d’usage. L’enveloppe immatérielle du bâtiment universitaire représenté dans la vidéo ci-dessus vient irriguer le parc voisin et les étudiants peuvent donc accéder à ce réseau protégé (et invisible pour les passants). Avec le numérique on est à la fois en dehors d’un lieu (dans le parc) et toujours bénéficiaire des services liés à l’endroit en question (via le réseau sans-fil).

Par conséquent ces visualisations montrent que les bâtiments et habitations forment un vaste espace continu qu’il est difficile de dissocier. Les “enveloppes” de chaque endroit s’entremêlent pour former un maelström coloré. Ce halo n’est pas inerte et clos. On doit en effet le considérer comme un espace social étrange dans lequel naviguent des paquets d’informations auxquels correspondent entre autres des e-mails, des morceaux de conversation futiles sur Facebook, des fichiers torrents ou des déclarations d’impôts. C’est tout un bazar numérique partagé qui flotte ainsi dans nos rues et au-dessus de nos immeubles.

Mais elles montrent que les réseaux WiFi sont finalement très localisés, informels et fragmentés, notamment car ils relèvent d’une infrastructure mise en place par les individus. Ce qui transparaît n’est donc qu’un reflet des occupations humaines. Les lieux avec peu de WiFi sont soit des entrepôts soit des endroits dans lesquels il y a peu d’activité liée aux technologies de l’information et de la communication. La représentation d’ondes GSM ou FM nous mènerait certainement à des conclusions différentes.

Vers un bestiaire

Si l’on continue cette exploration, on arrive vite à la conclusion que la diversité des ondes qui s’entremêlent est importante. C’est pourquoi certains s’intéressent à cataloguer les types possibles.

Dans son travail de master en design intitulé “The bubbles of radio” [en] dans la même école à Oslo, Ingeborg Marie Dehs Thomas s’est intéressée à construire un véritable bestiaire des ondes existantes :

En s’inspirant des livres abondamment illustrés en botanique, zoologie et en histoire naturelle, Ingeborg est arrivée à la notion d’encyclopédie des ondes radio qui contient une sélection de différentes “espèces”. Ancrée dans une recherche concernant leur usage, les applications et les caractéristiques techniques de chaque type d’onde, elle a crée des visualisations fictionnelles de la manière dont celles-ci habitent l’espace physique. Il s’agit au fond de l’expression créative basée autant sur la créativité personnelle que sur des données techniques et scientifiques comme la force du signal ou la portée des ondes.

En croisant à la fois les caractéristiques techniques de ces différentes protocoles de communication avec les imaginaires qu’ils évoquaient chez des personnes de son entourage, la designer norvégienne a produit une représentation saisissante de ces différentes “espèces” sous la forme d’un bestiaire :

Ce travail met en exergue le fait que les différents protocoles ont des “pouvoirs” distincts et que leur mise en forme visuelle peut fait ressortir les peurs et craintes de chacun. On se rend ainsi compte que les différentes ondes ne sont pas perçues ou comprises de la même manière suivant leur nature technique. Raptus Arphadus (RFID) apparait plus sinueux et tentaculaire que le globuleux mais néanmoins envahissant Spherum Magnea Globalum (GSM), à l’opposé du piquant Nevrotis Dentus Aquarae (Bluetooth).

Le bestiaire nous confronte avec ces espèces de monstruosité difficiles à percevoir mais qui forment le nouvel univers techno-urbain dans lequel nous baignons en ce début de 21e siècle. Suivant l’expérience et les usages numériques de chacun, on trouvera ces formes tantôt terrifiantes tantôt poétiques.

Un travail de démystification

Ces représentations n’ont pas pour objectif d’être correctes techniquement ou de servir un but opérationnel, il s’agit plutôt pour leurs auteurs de montrer comment une approche visuelle ou fictionnelle permet de prendre conscience de leur existence en dehors d’interactions sur les écrans. Elles sont importantes à deux égards.

Ce halo en mouvement témoigne d’une activité humaine en ébullition (télécommunications, accès au web…) qui peut être évaluée et représentée. Ce qui renvoie à l’ensemble des travaux actuels sur la “mesure urbaine” ou à la manière dont l’activité sur les services numériques permet de visualiser des flux, comprendre les mouvements de population et potentiellement gérer l’espace urbain. On va du coup sortir du caractère illustratif pour créer de nouvelles formes de services, voire de contrôle.

Enfin, et peut-être surtout, ces créations nous confrontent à l’hybridation du matériel et de l’immatériel dans notre espace quotidien. Et cela ne date évidemment pas de l’arrivée du WiFi puisque toutes sortes d’ondes pourraient être représentées de la télévision à la radio. La mise en image de ces flux est pertinente car elle permet de déconstruire et de caractériser cette ville numérique que nous voyons se déployer autour de nous. C’est un premier pas vers la prise de conscience de l’omniprésence de cette hybridation. Ce qui atteste du rôle nécessaire de médiateurs, comme le clame le designer américain Adam Greenfield [en] :

Dans la ville en réseau, du coup, il règne un besoin pressant de traducteurs : des gens capables d’ouvrir ces systèmes occultes, de les démystifier, d’expliquer les implications de ces technologies qui conditionnent nos vies et notre environnement urbain. Cela va devenir la préoccupation première des urbanistes et des technologues dans le futur proche.


Chaque lundi, Philippe Gargov (pop-up urbain) et Nicolas Nova (liftlab) vous embarquent dans le monde étrange des “urbanités” façonnant notre quotidien. Une chronique décalée et volontiers engagée, parce qu’on est humain avant tout, et urbain après tout ;-) Retrouvez-nous sur Facebook et Twitter (NicolasPhilippe) !

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Gérer la rareté, gérer l’abondance http://owni.fr/2009/12/22/gerer-la-rarete-gerer-labondance/ http://owni.fr/2009/12/22/gerer-la-rarete-gerer-labondance/#comments Tue, 22 Dec 2009 17:41:56 +0000 zoupic http://owni.fr/?p=6394 En école de commerce, j’ai appris à gérer la rareté:

Trouver une idée géniale, la breveter, mettre des barrières à l’entrée, consolider un projet. Comme on vit dans un monde qui tourne avec l’argent rare, pour le rendre beau et avant d’investir trop dans un projet, il faut savoir s’il intéressera quelqu’un à l’achat, ce que l’on apprend avec une étude de marché, des sondages, une prise de température du marché. Une fois qu’on a préparé notre produit pour pouvoir descendre dans l’arène, on choisit la stratégie: à qui on le vend, combien, comment, pourquoi, dans quel contexte et puis la question éternelle: comment créer le besoin et susciter le désir?

Le but est donc avec une idée, un investissement minimum de trouver un marché maximum avec un prix et une rentabilité maximisée.

Ce qui est rare dans ce contexte, c’est peut-être l’idée, sûrement le produit, sa recette, ses secrets de conceptions, son accès et son mode de construction.

C’est rare car je choisis de le rendre rare au début, en mettant des barrières à l’entrée, afin d’avoir un monopole, de garder le contrôle et d’être le seul à posséder le secret d’accès à cette ressource. L’information c’est le pouvoir. C’est rare car si je le partage avec tous, je ne suis pas sûr d’obtenir encore suffisamment d’entrées d’argent, si je le partage, la pureté du processus peut être déformée, dénaturée, ne plus respecter mes critères ou ma façon de voir. Si je partage et donne l’autorisation aux autres de le modifier, de le retoucher et de faire des bénéfices avec, je prends un risque: je lâche un peu du contrôle et du pouvoir que j’avais pris. Souvent, ce qui m’empêche de partager, c’est la peur de manquer. Exprimer d’une autre façon c’est récolter les gains que j’ai engendré: j’ai réfléchi, j’ai pris des risques, j’ai convaincu des investisseurs, alors pourquoi ne pas en profiter?

Bien, la gestion de la rareté, on connaît, on sait bien faire, nous sommes nés dedans.

En fait, quand je dis gestion de la rareté, il faut d’abord reconnaître que nous avons appris à créer de la rareté. Ce faisant nous avons augmenté la valeur de nos produits artificiellement. Ce qui est rare est cher dit le proverbe, si je révèle le secret, je perds mon avantage, mon pouvoir sur l’autre. Donc je crée de la rareté pour me créer du pouvoir, car j’aime ça, ou plus simplement, j’en ai besoin.

Ce que j'ai que tu n'as pas me rend heureux

Je me rappelle mon enfance, si je prêtais mon nouveau jouet à un ami, alors c’est comme si le jouet ne m’avait pas été offert, et que je n’avais pas de raison d’être heureux par rapport à mon ami, puisque je partage le jouet avec lui. Nous créons et quantifions notre bonheur par rapport à l’autre, et non avec l’autre. Ainsi plus j’en ai par rapport à l’autre, moins je me sens mal, ou en tout cas, moins je me pose de questions sur pourquoi j’ai besoin d’en avoir plus.

Piste de réflexion pour plus tard: comment créer et quantifier mon bonheur AVEC l’autre?

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Plus emmerdant maintenant, comment gérer l’abondance?

Depuis quelques années, nous nous rendons compte avec Internet et la dématérialisation que la copie est une multiplication d’un produit. A chaque copie que je réalise, je crée une nouvelle pièce, proche de l’originale, utilisable, modifiable, et tout ça pour un coût proche de zéro, emmerdant non? Ceux qui avaient l’habitude de pas prêter leurs jouets se retrouvent sur le cul, d’un coup, leurs jouets sont potentiellement à la disposition de tous. Que faire? Ce qui se passe grâce à l’internet et à la dématérialisation est crucial, car en nous rendant compte des règles que nous adopterons pour l’immatériel et l’abondant, ça remet également en cause les règles que nous avions établi pour le matériel supposé rare.

Dans la gestion de la rareté, je mettais des barrières à l’entrée, suscitais l’envie, et faisais payer pour l’accès, l’entretien, le service etc… Quid de l’abondance?

Si les barrières sont inutiles, puisqu’il est démultipliable, si l’accès est possible à tous car sa copie est facile, alors l’immatériel devient comme l’air ou comme l’eau. Il est difficile de le quantifier, de le mesurer, de dire ce qui appartient à qui. Pourtant il a bien un créateur.

Le produit immatériel (CD, MP3, DIVX, Livre numérique, PDF, Slides, Code source, Photo etc..) une fois créé et libéré ne peut plus être mis en cage. Les bits veulent être libres nous disait Chris Anderson dans Free. Ce que cela veut dire est que le rapport de force entre payer le prix d’entrée et faire sauter la barrière à l’entrée est perdu d’avance en défaveur du créateur. Quelque soit son choix, le bit voudra être libre, et le créateur devra lâcher le contrôle, partager son œuvre avec tous.

La différence principale des produits ou idées basées sur des économies de l’abondance par rapport à l’économie matérielle est que les coûts de propagation, de multiplication et distributions sont très faibles. Les coûts de création varient encore, pouvant aller du code très complexe et cher, du traité de recherche avec les frais du labo à l’ordinateur et aux 3 logiciels libres qu’utilise un groupe de musique qui produit son album tranquilo.

Reprenons donc, les coûts de distribution sont relativement faibles et continuent de diminuer et les coûts de création varient très amplement d’un produit à l’autre. Si on essaye de mettre des barrières à l’entrée: code, label, copyright, sécurité, DRM, on suscite un désir plus fort. On suscite un désir, mais également une frustration, car ça ne coûte pas plus cher de partager le jouet avec d’autres. La différence dans l’immatériel est le marché qui, par le transport des données et des flux d’informations touche une cible plus large, plus internationale de façon immédiate. Sur la base des mécanismes de gestion de la rareté que nous avons: plus le créateur dépense et investit d’argent et de temps dans son produit, plus il va vouloir le chérir et le protéger pour en tirer un bénéfice maximum, ce faisant il va créer un énorme désir chez les consommateurs qui vont investir beaucoup de temps pour s’unir, s’allier et faire sauter le verrou. C’est ce qu’on observe avec le partage des œuvres protégées, et c’est bien normal. Puisque l’accès et la distribution peuvent être rendus possibles à tous moyennant un travail d’équipe (certes hors la loi), on voit émerger une force collective sans tête qui vise à un seul but: partager cette création, faire sauter les barrières. Pour le matériel, cela représentait du vol, car il fallait se déplacer et aller dans la boutique pour voler une version de l’œuvre ou du produit. Pour l’immatériel, la multiplication ou copie ne coûte pas plus cher, plus le produit est bon plus la tentation est grande, la barrière qui empêche s’amenuise, rien ne peut retenir l’envie de culture, la soif de connaissance, la curiosité, le besoin de partager. L’immatériel remet tout en cause: le bit est plus volatile que l’atome, il a beaucoup plus de liberté et ne supporte pas le contrôle.

Création — Distribution — Réception


Seulement, dans cette économie de l’abondance, on ne fait pas la différence entre le dernier star wars, dont le budget est monstrueux et le groupe de musique du coin. Les énergies investies à l’entrée ne sont pas les mêmes. On peut essayer de faire la différence, en sensibilisant le consommateur final, mais pour le toucher, il faudrait d’abord qu’il reprenne confiance, pour cela, il faut lui donner, et ne pas lui prendre, il faut lui partager, sans publicité, sans intention autre que de lui faire un cadeau. C’est quand les comportements changent, que l’on en vient à se poser des questions, pourquoi cette inversion subitement, pourquoi le prochain film serait-il donné, avec prix libre, partage de la prise de risque sur son financement? Il faudra du temps que ça change, mais les premiers qui s’y essaieront s’allieront avec leurs publics. Les autres iront dans une lutte de contrôle et seront de plus en plus raide au lieu de s’ouvrir et de se remettre en question.

Les besoins et investissements de départ étant complètement différents à des mesures bien diverses, il serait temps que la transparence et la cohérence fassent leur apparition et nous donnent les chiffres qui nous permettront de savoir combien cela coûte réellement. Si je connais le besoin et l’investissement original d’un groupe que j’adore, je saurai à quelle hauteur les soutenir et j’arrêterai de pirater leur musique. Je ne veux pas qu’ils deviennent millionnaires, juste les remercier honnêtement pour leur apport et leur permettre de continuer à vivre et développer leurs créations.

Seulement, dans un monde où l’argent est rare, j’ai plus de temps, de passion et de curiosité à recevoir et écouter les créations des autres que d’argent pour les soutenir à la hauteur de leurs besoins réels. (oui, ça se complique, sinon ça serait trop simple) On note donc au passage qu’il nous faut nous libérer de la rareté artificielle de l’argent (média de mesure et d’échange des richesses), pour pouvoir trouver des systèmes libres, abondants et non centralisés de gestion de l’argent.

“Je désire pouvoir apporter mon soutien à ce créateur, de quelque façon que ce soit, autrement qu’en lui donnant des euros, ressource que j’ai en quantité limitée. Cependant j’ai du temps, de l’énergie et des qualités que je dois pouvoir lui offrir pour contribuer à la rétribution du bonheur reçu.”

De fait, le créateur qui est malin stimulera, sensibilisera, rassemblera, et investira l’énergie de la communauté qui l’écoute, l’aime et l’adore. Il créée ainsi un flux direct auto alimenté: son auditoire sont ses investisseurs, il prend en main la gestion de la distribution et fait sauter tant que possible les intermédiaires dans le but de réduire au maximum ses coûts.

Dans tous les cas, pour ce qui est de la certitude de récupérer l’énergie investie. Il n’y en a jamais eue. La seule solution est de transformer le risque que nous prenons en Amour de l’art, en volonté de partage et alors, ce ne sont pas des euros ou des revenus matériels que nous récolterons, mais une joie bien plus immense et profonde, d’avoir servi, partagé et créé pour l’humanité, ce que nous savons faire de mieux, avec Amour.

La co-création permet le partage

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De la rareté vers l’abondance http://owni.fr/2009/09/11/de-la-rarete-vers-labondance/ http://owni.fr/2009/09/11/de-la-rarete-vers-labondance/#comments Fri, 11 Sep 2009 00:01:15 +0000 zoupic http://owni.fr/?p=3481 Pour libérer notre société de ses maux, de ses problèmes multiples, une de mes recommandations est de faire péter les uns après les autres les verrous de la rareté. Qu’est ce que ça veut dire? Comment s’y prendre? Pour remplacer par quoi?

D’abord, il me semble important de définir la rareté (cf wiktionnaire) :

  1. Choses qui sont en petit nombre, en petite quantité ; il est opposé à Abondance.
    Il y eut grande rareté de vin cette année-là.
    Ces objets coûtent cher à cause de leur rareté.
    La rareté en augmente le prix.
  2. Choses qui se trouvent difficilement.
    La rareté des diamants contribue beaucoup à leur prix.
    Il y a dans sa collection des pièces d’une rareté singulière.
  3. Il se dit au figuré de Ce qui est peu fréquent, peu commun.
    C’est une rareté que de vous voir.
  4. (Par extension) (Familier)
    Vous êtes, vous devenez d’une grande rareté.
    Pour la rareté du fait, Pour la singularité de la chose.
    Je voudrais bien voir cela, pour la rareté du fait.

La rareté peut être  naturelle ou contrôlée.

- Rareté naturelle : les rubis se trouvent en quantité limitée sur terre, les trèfles à quatre feuilles sont difficiles à trouver.

- Rareté contrôlée : ressources, services ou produits peuvent être contrôlés et maintenus en quantité limitée, par exemple le nombre de Prix Nobel distribués ou les diamants.

Pour vous expliquer une rareté contrôlée, @phyrezo vous présente en deux mots le contrôle des diamants : l’approvisionnement du marché est controlé par un oligopole de la production, un quasi monopole de la part de De Bears. Ce qui fait que les diamants, en particulier les belles pièces, sont retenus pour maintenir les prix. Pour les pieces plus communes (en dessous d’un carat), c’est surtout le marketing qui fait le prix – “un diamant est eternel” “Le prix de votre amour”

Bien.

Explosion du barrage

Explosion du barrage

La rareté contre l’abondance

Faire sauter les verrous de la rareté, ça ne donne pas toutes les solutions à nos problèmes, mais ça permet de reprendre les libertés, les responsabilités et la possibilité de se réapproprier ce qui nous appartenait. Comme nous le dit Richard Stallman, le libre c’est égalité, liberté, fraternité. Mais chacun redevient libre du processus de décision, ce n’est plus une entité, organisation privée et propriétaire qui choisit pour nous.

C’est donc bien un changement de paradigme: d’un côté, en quantité limitée et contrôlée derrière une barrière propriétaire, de l’autre côté :  libre et autogéré. En libérant chaque domaine il faut donc bien s’assurer que la responsabilité et la conscience des utilisateurs soient prêtes pour ne pas répéter les modèles basés sur la rareté et surtout, pour savoir gérer l’abondance avec succès!

Se servir une part du gâteau

Se servir une part de gâteau

Gérer l’abondance, c’est comme se servir à un buffet, prendre du fromage sur un plateau gratuit mais limité en quantité : il faut savoir penser aux autres, accepter de diminuer ses droits au fur et à mesure que le nombre d’usagers augmente (si matériel). On le fait tout naturellement à l’échelle locale, via l’éducation, le bon sens, la logique et le partage. A plus grande échelle il s’agit là encore de réaliser, prendre conscience et accepter le super organisme qui nous dépasse et que nous constituons pour d’autres ressources. Il faut revenir à l’échelle de chaque flux.

Si pour un gâteau il est très simple de voir le nombre de part et le nombre de personnes autour de la table, il nous faut revenir à cette logique et apprendre à répartir les richesses de façon plus juste pour les niveaux supérieurs. Une fois encore, il faut être capable d’avoir l’oeil micro et l’oeil macro, d’avoir la barre de zoom dans la cornée et d’être capable de passer de l’unité à l’holoptisme, la vue d’ensemble.

Une super machine qui calcule tout?

Dans la vidéo de Zeitgeist, le projet Venus propose une machine qui calculerait pour chaque ressource et produit les réserves restantes et la quantité autorisée. Sans aller dans un cas aussi global, il est très jouable de définir via des systèmes de gestions locaux, les besoins, les demandes, les ressources disponibles qui peuvent être partagées ou allouées.

Règles générales et règles locales

D’un autre côté, chaque système local doit être régi à un niveau plus global vis-à-vis des problèmes généraux que nous avons. Il n’est plus possible de laisser une communauté gérer certaines ressources comme elle l’entend puisque, étant tous interconnectés, les émissions de CO2 des uns jouent sur le climat global. D’où la nécessité de règles générales, de limites à ne plus dépasser au niveau planétaire.

Parallèlement, il nous faut des systèmes avec des règles qui ne sont pas définies globalement car les enjeux, contraintes, populations, ressources et cultures sont complètement différentes à chaque endroit.

C’est ce qu’on appelle le glocal, contration de Global et Local.

Matériel et Immatériel

Abondance et rareté fonctionnent de façon inverse selon s’ils sont dans un monde matériel et immatériel.

Monde matériel: Tout est en quantités limitées. Les limites peuvent être grandes, mais dans un paradigme holoptiste, c’est limité.

Monde immatériel: Tout est multipliable à l’infini pour une abondance infinie au niveau technique.

dans le matériel quand je partage je divise, dans l’immatériel quand je partage je multiplie“.

Donc on a des problèmatiques inverses: le but est évidemment d’avoir des systèmes gérés en abondance dans les deux cas.

Alors que l’immatériel se créée et multiplie à la demande suivant l’offre de création et diffusion, le matériel a la vie dure: toutes les ressources basiques sont fournies par la Terre en quantité limitée et il est impossible, pour l’instant, de créer de la matière. Elles se transforment, changent, se mêlent et se démêlent en un gigantesque cycle. Ainsi leur allocation doit s’affiner au fur et à mesure que l’occupation du territoire et la population de la Terre augmentent afin de permettre à chacun de garder une part égale.

Le combat de la rareté contre l’abondance dans le monde  immatériel?

On a vu qu’au niveau technique, l’immatériel permet l’abondance aisément. Cela a permis très vite aux humains de se retrouver sur Internet pour partager, échanger, diffuser leurs oeuvres, leurs savoirs et connaissances. Au niveau juridique et mentalité, il y en a encore qui n’ont rien compris et veulent garder le contrôle. La quantité d’eau augmente et le barrage commence à grincer, il ne retient plus aussi bien l’eau.

Il s’agit donc de convaincre ces dynosaures d’orienter et de guider le courant de façon plus fluide, plutôt que de s’y opposer en barrage. Les convaincre pour les aider, ou les laisser y rester.

On ne peut arrêter l’eau, on ne peut arrêter l’information, on ne peut arrêter Internet.

Nous ne pourrons reculer devant ces libertés auxquelles nous avons goûté: il s’agit ici d’abolir le copyright. Respecter l’auteur oui, en le mentionnant. Je le remercie par mon attention, pas par mon argent.

Comment les artistes vivraient alors s’ils donnent gratuitement leurs chansons?

Pour Gerd Leonhard et Chris Anderson, l’abondance et le gratuit se sont déplacés, mais il continue d’y avoir des moyens de se financer à côté du gratuit. On avance doucement en libérant le contenu.

Gerd Leonhard les décompose en 3 parties : Access, Embodiment, Experience, ce qu’on peut traduire en l’accès, la forme de représentation et l’expérience.

Exemple: Pour aller sur Internet, je ne paye pas une quantité de contenu, je paye l’accès via mon FAI. Pour radiohead je ne paye pas pour le mp3, je paye pour le CD avec la pochette collector. Pour le Dalaï Lama, je ne paye pas pour ses prières ou sa parole, je paye pour le voir lors d’un événement.

Chris Anderson lui nous dit qu’il faut faire du gratuit et déplacer l’offre rare et payante vers autre chose. Si vous distribuez votre livre gratuitement, les lecteurs achèteront des produits dérivés. Vous me direz c’est l’inverse de ce que font les marques qui distribuent des produits dérivés pour sympatiser avec le client et lui faire aimer la marque et au final acheter ses produits.

L’immatériel sera abondant, le matériel restera précieux

Par leurs exemples Chris Anderson et Gerd Leonhard appliquent toujours une semi-rareté en libérant la partie immatérielle mais en transférant la valeur de rareté sur le matériel. Ainsi Radiohead distribue de façon infinie ses chansons, c’est l’abondance, mais il faut payer pour les voir en concert. Eh oui, on a beau faire son possible, l’expérience est unique, l’événement provoque la rareté. Ce n’est pas un hasard si assister à un opéra a tant de valeur.

L’idéal dans une société d’abondance est quand l’offre dépasse la demande. Ainsi les choix sont multiples et toutes les options disponibles. La vitesse à laquelle les heures de vidéos s’accumulent dans les bases de données de Youtube est à se demander si quelqu’un sera capable de regarder tout ça un jour?

Compétition ou coopération?

Pour ce qui est de maintenir la compétition, puisqu’on aime quand même se challenger et il faut toujours un mix entre compétition et coopération, c’est évidemment la coopétition. Comme les groupes de codeurs de linux s’aident et se concurrencent, l’objectif commun est le même, la victoire n’est pas matérielle mais symbolique et émotionnelle. Elle s’exprime en échelle de réputation et de remerciement pour l’apport à l’intelligence collective globale.

On est tout à fait dans la société de connaissance de Marc-André Ghyxx. Chaque être humain apportant son cerveau et ses contibutions à l’ensemble de la société. On peut imaginer une compétition rude pour les projets les plus pointus, et une coopération complète sur les partages des ressources de bases et sur les recherches pour l’Humanité. Il faut toujours jouer sur les deux tableaux et adapter en fonction du terrain et de la ressource avec laquelle on joue.

De la rareté à labondance dans les mondes matériels et immatériels

De la rareté à l'abondance dans les mondes matériels et immatériels - CC by-nc-sa zoupic

Si on résume le tout, ça pourrait donner quelque chose comme ça. Amusez-vous en famille ou avec des amis à réfléchir à une ressource ou un bien immatériel que vous pourriez libérer, et comment. Je n’ai par exemple pas fait l’Internet.. à vous! Je mettrai à jour si la récolte est abondante.

Article originellement publié sur http://www.zoupic.com

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