OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Grandcrew: le live à tout prix http://owni.fr/2011/04/15/grandcrew-le-live-a-tout-prix/ http://owni.fr/2011/04/15/grandcrew-le-live-a-tout-prix/#comments Fri, 15 Apr 2011 15:35:05 +0000 eddie-williamson http://owni.fr/?p=57101

De Fabchannel à Grandcrew

Connaissez-vous Fabchannel ? De 2000 à 2009, ce site néerlandais enregistrait et diffusait des concerts en direct à ses visiteurs. Ces concerts étaient filmés au Paradiso à Amsterdam, et étaient ensuite visionnables en différé ce qui constituait, pour les artistes qui en avaient besoin, un outil de promotion formidable.

Christopher Esclapez s’est inspiré de l’idée originale de Fabchannel pour créer Grandcrew. Franco-américain, DJ, il est revenu en France pour continuer ses études d’ingénieur au cours d’un MBA à l’INSEAD (école de management ultra-cotée). Son projet de fin d’année, c’est tout simplement l’embryon de Grandcrew. Il a obtenu un précieux soutien financier de la part de ScientiPôle (un fonds d’amorçage pour les entreprises) et de quelque business angels, qui ont permis de mettre le projet en orbite.

L’idée était de faire comme Fabchannel, la différence étant que ce dernier ne filmait que dans une seule salle. À Paris sont organisés chaque semaine des dizaines de concerts, autant d’opportunités pour Grandcrew de mettre en place des partenariats et de dépêcher sur place son équipe. Le site ambitionne aujourd’hui d’être présent dans toutes les capitales culturelles européennes, ainsi que dans les meilleurs festivals européens (des contacts sont pris avec les organisateurs du festival de Dour, de Sziget, des Eurockéennes, de la Route du Rock…).

Fabchannel n’avait pas réussi à développer un modèle économique viable. Grandcrew tente à son tour de relever le défi. Je peux vous dire que c’est couillu. Dans mon esprit, « start-up + internet », ça va super bien ensemble, mais dès que vous rajoutez « musique » dans le mix… Entre les majors du disque restés au 20ème siècle, l’absolue nécessité de générer un flux financier nécessaire à la rémunération de tous les acteurs de la « chaîne du live », en y ajoutant la sangsue SACEM, le tout en proposant quelque chose de qualité… À part confier la tâche à Ethan Hunt, Jack White (il peut tout faire) et Jack Bauer réunis, ça me paraît mission impossible. Heureusement chez Grandcrew, ils pensent différemment !

Le live pour tous

Commençons par la troisième problématique: proposer du contenu de qualité. Grandcrew filme et diffuse ses concerts en haute qualité, que ce soit au niveau de l’image et du son. La HQ, c’est le mantra-maison. Les concerts sont filmés de manière assez classique: on a l’impression d’être devant un DVD live, sans recherche artistique aussi poussée que chez Vincent Moon ou Ray Concepcion. Mais quand vous filmez Monotonix aux Eurockéennes, forcément il faut s’attendre à tout sauf à quelque chose de classique. Lors de la Route du Rock, Grandcrew a également réalisé des à-côtés en forme de sessions acoustiques (la jolie St. Vincent par exemple).

Stan Bertin est en charge de la ligne artistique et Anousonne Savanchomkeo des partenariats et de la communication (et de répondre aux questions des blogueuses curieuses). L’équipe est très branchée artistes indépendants: Grandcrew soutient la création musicale et ne filme et met en avant que les artistes ayant une vraie valeur artistique. Ce concept de valeur artistique peut être débattu,  jugez plutôt : Beach House, De La Soul, Black Lips, Crystal Antlers, Ratatat, Roots Manuva, Gush, Svinkels, Baden Baden, Vetiver, Vandaveer, HEALTH, The Heavy, The Asteroids Galaxy Tour … Notez que ces choix ressemblent beaucoup aux miens, je ne suis donc pas très objective. À vous de juger si ces groupes ont une vraie valeur artistique!

La question de la rémunération

La seconde problématique : rémunérer tous les acteurs de la chaîne du live, c’est-à-dire le label, le producteur (le tourneur ou la salle directement), la salle et la SACEM.

Aaaah, la SACEM. Elle collecte et gère les droits d’auteurs des œuvres musicales de ses adhérents. Notez que la SACEM relève du droit privé, bien qu’elle soit chargée d’une mission de service public, ce qui fait qu’elle n’est pas soumise aux organismes publics de contrôle comme la Cour des Comptes. Notez aussi que la SACEM refuse à ses adhérents de diffuser sous des licences ouvertes comme la licence Creative Commons. Elle interdit aussi à ses adhérents de diffuser gratuitement leurs œuvres sur Internet, sauf sur leur propre site officiel (en écoute, mais pas en téléchargement), alors qu’ils en sont eux-mêmes les créateurs. Aaaah, la SACEM.

Mais il faut faire avec. Et Grandcrew met un point d’honneur à vouloir rémunérer tous ceux qui font que les concerts qu’ils filment soient possibles. Ainsi que la SACEM.

Jusqu’à présent, tout le contenu de Grandcrew était accessible gratuitement. Il fallait que le site se fasse un nom sur la Toile et prouve qu’il existe une demande pour ce qu’il propose. Convaincue que c’est le cas, et soutenue par les salles partenaires, ses investisseurs privés, la blogosphère musicale et surtout ses utilisateurs, l’équipe de Grandcrew passe maintenant à l’étape suivante: mettre en place un modèle économique viable et équitable.

Car pour le moment, les fins de mois sont difficiles. Filmer et diffuser un concert coûte cher. Dans cette affaire, il n’y a que Grandcrew qui prend des risques : le label et la salle récoltent sans rien payer les fruits promotionnels que sont les concerts diffusés sur le site. Payer la SACEM, l’équipe, l’enregistrement du concert, le montage, le site, le serveur, la communication… Grandcrew peine à garder la tête hors de l’eau. Il est temps pour eux de rentabiliser au maximum leur contenu, sans dévier de leur ligne éditoriale et artistique exigeante.

En clair, il est temps pour nous, internautes, d’accepter le fait que si on veut du contenu exclusif et de haute qualité, débourser quelques euros est nécessaire. Comme on peut le lire sur la page d’accueil en forme de pierre tombale de Fabchannel :

the mantra stays the same: no money, no content.

Contrairement à la radio ou à la télé, Internet n’est toujours pas perçu par l’industrie musicale comme un partenaire. On se situe toujours dans la phase de cohabitation où chacun se jette des assiettes à la gueule. Sur Grandcrew, donc, il y aura toujours des concerts gratuits, et toujours un titre gratuit par concert. Pour le contenu payant, concrètement, ça donnera ça :

- Streaming : 1,99 ou 2,99€ par concert selon l’artiste et la taille de la production

- Téléchargement : 9,99€ pour la vidéo (format mp4), 8,99€ pour l’audio (séquencé et proposé au format mp3 et format lossless – « sans perte de qualité »). Comptez 14,99€ pour le package vidéo + audio.
Ils réfléchissent également à une formule d’abonnement qui donnerait accès à tous les concerts. L’équipe de Fabchannel y avait réfléchi également, mais s’était rendue compte qu’ils n’avaient pas assez de contenu à proposer à leurs abonnés pour justifier le prix de l’abonnement. Grandcrew ne devra pas donc pas ménager ses efforts et filmer un maximum de concerts intéressants ! L’objectif est de se positionner comme un véritable média, avec des news, des interviews, des chroniques de disques, et tutti quanti.

De plus, pour ceux et celles qui viennent physiquement au concert, Grandcrew vendra une carte de téléchargement au prix de 10€ qui leur permettra de télécharger le package vidéo + audio. Cette dernière offre est particulièrement intéressante je trouve. Imaginez: vous venez d’assister à un concert qui vous a mis sur le cul et vous voyez le stand Grandcrew qui vous propose de revivre le concert quand vous voulez, ou de le faire vivre à vos amis. Et quand Grandcrew se mettra à la 3D, je ne vous raconte même pas le délire.

De belles potentialités futures

Avant d’en arriver là, il y a du chemin. Le récent partenariat avec le Bataclan montre que les salles sont de plus en plus intéressées par l’offre de Grandcrew. Les majors, comme d’habitude, sont en retard, très en retard. Un exemple : si Grandcrew veut filmer un artiste signé chez Universal, il y a d’abord géolocalisation du contenu (vous ne pourrez pas voir le concert si vous habitez autre part qu’en France, par exemple), et de plus la major n’autorise qu’un mois de diffusion.

Les majors mettent en place de grosses limitations sur l’exploitation de leur catalogue, comme la géolocalisation ou l’exploitation très limitée dans le temps. Rappelons que dans l’histoire, la major n’a strictement rien eu à faire (si ce n’est, comme on me le rappelle en commentaire, faire connaître l’artiste). Vous avez dit « délirant » ? Leurs patrons semblent toujours penser qu’Internet est en train de tuer l’industrie musicale. Internet ne fait que changer les règles du jeu et redonne à la création le premier rôle. Quand les majors auront compris ça, elles pourront peut-être cesser d’avancer à reculons.

Grandcrew.com est un site créateur de valeur ajoutée de très haute qualité, un outil promotionnel exceptionnel pour les artistes et les salles de concerts. L’offre est excellente, l’inconnue est la demande. Les internautes aficionados de concerts seront-ils prêts à payer ? Les labels, salles de concerts et festivals vont-elles finir par se rendre compte du potentiel rémunérateur du service proposé par Grandcrew ?

Créations de DVD, ventes de concerts à des chaînes de télévision, publicité sur le site… Toutes les manières de rentabiliser le contenu sont envisagées. Comptez sur Grandcrew pour ne pas se retrouver à la botte des annonceurs ou des labels, ou pour changer leur ligne artistique et se retrouver à filmer Lady Gaga. Croître en notoriété sans perdre de vue son « éthique » est un sacré défi.

Et puis comme me le souffle Anousonne : « faire un White Stripes chez Beggars ce serait le rêve ». Tu m’étonnes. En attendant Jack White, Grandcrew travaille actuellement sur d’autres grands artistes. Du très lourd. Stay tuned !


Article initialement publié sur le blog ” Le Choix de Mlle Eddie

Crédits photos : FlickR CC parttimemusic ; joostnuijten ; drakelelane ; haniamir

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Vidéo et gestion des droits : ne faites pas n’importe quoi ! http://owni.fr/2011/02/07/video-et-gestion-des-droits-ne-faites-pas-nimporte-quoi/ http://owni.fr/2011/02/07/video-et-gestion-des-droits-ne-faites-pas-nimporte-quoi/#comments Mon, 07 Feb 2011 16:14:44 +0000 Michèle Battisti http://owni.fr/?p=30150 En prenant l’exemple du lipdub, Michèle Battisti fait le point sur les démarches administratives à accomplir lorsque l’on souhaite utiliser un contenu audio dans le cadre d’une vidéo promotionnelle. Des conseils utiles aussi bien pour un responsable marketing que pour les artistes qui voudraient se protéger de l’exploitation illégale de leurs morceaux.

Reprendre la définition

Un lipdub, ou clip de promotion est une vidéo réalisée en play-back et en plan-séquence par des collègues d’un milieu professionnel, généralement destiné à une diffusion sur Internet ou d’autres réseaux.

Établir la liste des droits

Si l’on utilise, par exemple, une chanson diffusée dans le commerce sous la forme d’un CD, il sera nécessaire d’obtenir des droits auprès de l’auteur de la musique et de l’auteur des paroles, voire auprès de l’arrangeur si l’arrangement s’avère lui aussi original. Il faudra également l’autorisation du producteur du CD de l’enregistrement utilisé (ne pas se tromper de version de la chanson) et celle de l’interprète qui bénéficient tous deux de droits voisins.

Une autorisation au titre du droit moral pourrait être envisagée, l’interprétation étant susceptible de porter atteinte à l’intégrité de l’œuvre lorsqu’elle est déformée par une mauvaise exécution, par une modification des paroles (ce qui sera sans doute simple à prouver, … à moins de démontrer que l’on est dans le registre de l’humour, la parodie étant une exception au droit d’auteur, et dans ce cas plus besoin de l’accord du parolier !), ou tout simplement pour avoir été utilisée à des fins non désirées. A cet effet, avant toute diffusion, il sera opportun de contacter les auteurs et les interprètes, voire leurs ayants droits si ceux-ci sont décédés.

C’est ce qui permettra d’exploiter l’œuvre musicale dans un cadre collectif sur internet, lors de divers évènements institutionnels, mais aussi sur l’intranet de l’entreprise, en n’oubliant pas de mentionner les auteurs dans les crédits.

Négocier les droits

Pour une diffusion sur Internet ou intranet, c’est la société de gestion collective Sesam qui sera votre interlocuteur. Comme Sesam ne représente, via la Sacem, que les auteurs, il faudra également contacter le producteur qui vous accordera souvent – mais pas toujours –l’autorisation des interprètes. Les auteurs peuvent – cas rare mais à envisager – n’être pas membres de la Sacem. Dans ce cas, il vous appartient de les retrouver.

Mais Sesam n’accorde pas le droit de télécharger l’enregistrement. Si vous souhaitez octroyer cet usage, il faudra contacter en outre la Sacem et le producteur.

En revanche, si le lipdub est diffusé lors d’une manifestation (assemblée générale, journée portes ouvertes, …), l’accord de la Sacem est suffisant car, dans ce cas, cette société de gestion collective représente également les sociétés de gestion collective de producteurs et d’interprètes. Si ce n’est que les auteurs et les interprètes doivent être directement contactés au titre du droit moral. Et oui !

Ne pas oublier

Lorsque la vidéo est réalisée avec l’aide d’une agence de communication, il faut régler par contrat outre la question de la prestation, celle des droits et, au titre du droit à l’image, il est prudent d’obtenir l’autorisation de ses collègues ou personnes apparaissant sur le clip. On ajoutera qu’il faut éviter de filmer des lieux protégés par le droit d’auteur et des lieux privés sans autorisation expresse, ou encore d’adopter des chorégraphies toujours sous droit, comme celles réalisées par Michael Jackson, pourtant si tentantes.

Je n’ai pas tous les droits

En cas d’infraction, une notification sera faite aux plateformes hébergeant votre vidéo qui ne s’embarrasseront pas de vérifier leur licéité, et supprimeront votre clip supposé contrefaisant ((La Sacem qui avait déjà négocié avec Dailymotion, a conclu un accord avec YouTube le 30 septembre 2010.  Depuis le 1er octobre 2010, la mise en ligne sur YouTube permet  de se passer de l’autorisation de la Sacem, mais pas de celle des producteurs de CD ni des artistes-interprètes que cette société ne représente pas (encore) ou portant atteinte à la vie privée, à charge pour vous de présenter les accords obtenus, dans une notification de contestation. Rappelons qu’une contrefaçon est passible d’une peine allant jusqu’à 300 000 euros d’amende et trois ans de prison. Mais rassurez-vous ! Avant tout procès, il peut y avoir négociation.

Comment éviter toutes ces démarches ?

En imaginant que vous-même ou l’un de vos collègues composiez la musique et les paroles, les arrangiez, créiez le scénario, procédiez à l’enregistrement et à son montage (au risque d’être moins percutant), et en cédiez expressément les droits à votre employeur. Vous pouvez aussi utiliser des chansons proposées sous une licence Creative Commons, lorsque la licence autorise un usage commercial et la création d’une œuvre dérivée, faute de quoi il faudra négocier auprès de l’ayant droit de la musique et des paroles pour réaliser votre lipdub qui représente une œuvre dérivée de l’œuvre première.

Vous avez tous les droits ?

Votre œuvre sera protégée à son tour. A vous d’en définir les usages ! Le lipdub de Justin notaire par exemple, autorise le mix, le karaoke, le téléchargement de photos etc. … – et d’en accorder les droits à des tiers, au coup par coup ou via une licence Creative Commons (ou une autre licence libre de votre choix), si celle-ci est compatible avec les utilisations qui vous ont été accordées.

Quelques règles

  • La vidéo, œuvre audiovisuelle est une œuvre de collaboration pour laquelle le producteur est présumé s’être fait céder tous les droits. Toute présomption contraire reste possible, à charge de le démontrer.
  • Une œuvre sera protégée par le droit d’auteur si elle est originale, soit « empreinte de la personnalité de son auteur ». L’œuvre musicale est une œuvre de collaboration, ce qui signifie qu’elle tombera dans le domaine public 70 ans après la mort du dernier des coauteurs. Les titulaires de droits voisins bénéficient de ces droits pendant 50 ans après la mise à disposition de l’œuvre.
  • Parmi les exceptions au droit patrimonial de l’auteur, on aurait pu s’appuyer sur la citation. Mais citer une œuvre musicale n’est pas admis (il est prudent de l’affirmer, en tout cas). Quant à la citation d’une œuvre audiovisuelle, qui doit être brève (ne pas représenter un extrait) et insérée dans une œuvre seconde, elle n’est pas appropriée ici. Comme il ne s’agit pas vraiment d’une parodie, conçue à des fins humoristiques (quoi que …), et que l’on se trouve dans un cadre institutionnel, cette autre exception au droit patrimonial de l’auteur ne peut pas être envisagée non plus.
  • Au titre du droit moral, l’auteur et l’artiste-interprète peuvent exiger de faire respecter leur droit de paternité et d’intégrité de l’œuvre. Ils disposent aussi d’un droit de divulgation et de retrait. Eux, puis leurs ayants droit, peuvent les exercer de manière perpétuelle. Le producteur qui dispose aussi de droits voisins ne bénéficie pas de droits moraux.
  • Une musique proposée sous licence Creative Commons n’est pas libre de tous droits. Selon le cas, la licence peut interdire de modifier l’œuvre, de l’utiliser à des fins directement ou indirectement commerciale, ou de la diffuser sous un autre contrat que le contrat initial.

Vous voilà prêt à aborder un nouveau cas

La prochaine assemblée générale se tiendra dans un manoir que vous avez loué. Vous payez un prestataire pour enregistrer cet évènement, le diffuser en temps réel, puis le mettre en ligne sur l’extranet de votre entreprise. Votre prestataire vous propose d’ « habiller graphiquement les images » et de créer des contenus pour le rendre plus « spectaculaire ».

Il faut donc à nouveau un contrat ad hoc avec l’agence de communication pour régler la question de la prestation et des droits d’auteur. Il faut aussi l’accord des propriétaires du lieu de tournage en prêtant attention aux œuvres encore protégées par le droit d’auteur qui pourraient s’y trouver : un tableau, une sculpture, etc., surtout si, par malheur, on devait les apercevoir par la suite en gros plan.

Il vous faut aussi l’accord exprès des intervenants qui doivent connaître les lieux de diffusion, en l’occurrence l’extranet de l’entreprise. Un accord tacite pour les autres personnes peut être envisagé, mais celles-ci doivent être informés – sur l’invitation, par exemple – que la manifestation sera filmée et du lieu de diffusion. Si vous songiez à d’autres usages, il est prudent de les mentionner immédiatement.

Votre vidéo est enrichie. Vous vous trouvez face à une œuvre composite pour laquelle il faut négocier les droits permettant l’insertion d’autres œuvres dans l’œuvre initiale – la vidéo – et une mise en ligne sur l’extranet, voire pour d’autres usages.

Et ainsi de suite ….

Article paru dans le n° 4, 2010 de la revue Documentaliste consacrée aux vidéos en ligne

>> photos flickr CC Reinis Traidas ; Daniel F. Pittago ; Terry Chay

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Le jour où Spotify a changé le monde http://owni.fr/2011/01/06/le-jour-ou-spotify-a-change-le-monde/ http://owni.fr/2011/01/06/le-jour-ou-spotify-a-change-le-monde/#comments Thu, 06 Jan 2011 13:10:13 +0000 Kyle Bylin http://owni.fr/?p=29362 A l’aube de cette nouvelle décennie, le secteur de la musique digitale reste inchangé. Spotify n’a pas été lancé aux Etats Unis en 2010. Les choses auraient-elle été différentes si tel avait été le cas ? Sûrement. Si ce service avait été lancé aux Etats Unis, on aurait connu une révolution semblable à celle provoquée par le phénomène iPod. Cela aurait pu arriver et c’est d’ailleurs toujours envisageable. Loin de moi l’idée de jouer les évangélistes bornés.

Il est vrai qu’à la vue des caractéristiques sociales de Spotify, les déclarations de Daniel EK semblent crédibles, notamment lorsqu’il dit que sur Facebook, la musique va devenir plus populaire que les photos. L’échange de photo est l’essence même de Facebook, tout comme les jeux FarmVille ou CityVille. La mise à jour des statuts et les échanges de liens jouent également un grand rôle. Nous aimons bien savoir ce que font nos amis. Toutefois, une large majorité d’inscrits n’utilise que très peu son compte.

La plupart des gens est sur Facebook, mais ne l’utilise pas. Ils ne passent pas tout leur temps à poster des photos, ni à mettre à jour leur statut. Spotify veut changer ça. Le partage de musique très facile devrait permettre aux derniers utilisateurs de facebook d’échanger à nouveau. C’est une activité qui demande un minimum d’effort. Pas d’inquiétude, votre futur employeur ou école ne risque pas de tomber sur des photos compromettantes puisqu’il ne s’agit que de musique.

Avec Spotify, il y a une section “Nouveautés”, à la manière des fils d’actualités de Facebook, qui devrait un jour en proposer un consacré exclusivement à la musique, développé par Spotify. On peut imaginer un player permettant de streamer vos nouveautés musicales pendant que vous consultez vos autres messages.

Un jour, la musique fera partie intégrante de Facebook.

Pourquoi ? C’est simple.

Le temps passé sur le site. La musique est la meilleure façon d’accroitre le temps passé sur Facebook. Quand Mark Zuckerberg parle de révolutionner l’industrie du contenu en 5 ans, il sait de quoi il parle. La musique est vitale pour garder les utilisateurs plus longtemps sur Facebook. C’est pourquoi, des extraits musicaux de 30 à 90 secondes sur Facebook ne suffisent pas.

L’évolution de la musique sociale

Spotify est ce qui se fait de mieux pour rendre la musique sociale et facilement partageable. Vous pouvez importer vos amis Facebook directement sur Spotify, instantanément partager vos suggestions et leur faire écouter. Il devient de fait beaucoup plus facile de partager et consommer de la musique. La dimension sociale devient une norme. On a toujours échangé de cette manière, sauf qu’avant c’était sous forme de fichier ou de lien. Maintenant, les échanges sociaux se font sur Spotify.

Comme Ek l’a annoncé dans Wired, son ambition est de ramener nos habitudes de consommation de musique illégales vers une pratique légale. Plutôt que d’encourager les échanges de fichiers entre inconnus, Spotify nous permet de partager la musique avec notre réseau, et plus important encore, nos amis. Alors que les internautes veulent toujours avoir la possiblité de téléchager de la musique gratuitement et facilement transférable sur sur leur iPod ou sur CD, leur bibliothèque n’est pas éternelle sur un disque dur. En revanche, elle peut l’être dans le cloud.

Les bibliothèques musicales passent de tangibles à intangibles – d’une expérience concrète à une expérience sociale. Petit à petit la frontière entre bibliothèque personnelle et collective deviendra de plus en plus floue.

Un jour , les internautes streameront un torrent avant de le télécharger. C’est juste une question de temps. Parallèlement, Spotify donne aux utilisateurs la possibilité de pré-écouter tout ce qu’ils souhaitent, de se constituer une énorme bibliothèque musicale, et de la partager sans difficulté avec leurs amis. C’est l’évolution de la musique sociale : tous les iPod et iPhones seront connectés entre eux. La musique s’infiltrera sur tout les réseaux sociaux et deviendra elle-même un objet social.

Nos applications et écrans tactiles devraient nous permettre d’interagir à nouveau avec notre musique, et de le faire tous ensemble. L’avenir, c’est le croisement entre Spotify, Facebook et Aweditorium. De plus, la barre de statut, la réussite, et l’interactivité – des informations-clé dans l’univers du jeu vidéo – feront partie intégrante de l’expérience musicale.

L’engagement des fans s’en trouvera accru. L’avenir est le croisement entre la consommation de musique et le jeu. L’échange de musique sera encouragé et non plus entravé.

Le futur qui n’arrive jamais

Si Spotify avait été lancé avant 2011, une tempête médiatique aurait eu lieu. D’une certaine manière, le fait que la plateforme ne se soit pas encore installée aux Etats-Unis est presque symbolique. Pourquoi ? Une décennie de musique vient de se terminer.

Tout ce que l’on écrira sur l’industrie de la musique dans les vingt prochaines années pourra faire référence à ce que la période 2000 – 2010 révèle de l’incapacité des majors à appréhender le changement et à donner aux fans ce qu’ils attendaient vraiment. Maintenant, si Spotify est lancé au cours de cette décénnie, tous les auteurs considèreront l’événement comme un nouveau départ.

En imaginant que ce chapitre sur l’industrie musicale soit déjà écrit, que nous révèle-t-il ?…Qu’il a fallu dix ans aux labels pour mettre en place un service d’écoute de musique qui se positionne comme une alternative au piratage. Il rendra compte de l’évolution continue de la musique sociale.

Et, nous l’espérons tous, il traitera de la renaissance de l‘industrie musicale avec l’ouverture d’Apple au streaming et à l’abonnement, l’arrivée de Google dans le secteur de la musique, le lancement de Spotify aux Etats-Unis et la croissance jamais démentie de services tels que RDIO, MOG, Thumplay Music, Slacker, et Pandora entre autres. L’avenir de la musique s’est concrétisé. Peut-être même que l’on se souviendra de la décennie 2000 – 2010 comme de “la décennie perdue”.

Dès 2011, l’industrie de la musique va renaître. Il était temps.

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Traduction : Romain Saillet, Loic Dumoulin Richet

Cet article a été initialement publié en anglais sur Music Think Thank.

Crédit photos CC Flickr : Andreas Blixt, p_kirn, _ambrown

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Quelles perspectives pour la licence globale ? http://owni.fr/2010/11/03/quelles-perspectives-pour-la-licence-globale/ http://owni.fr/2010/11/03/quelles-perspectives-pour-la-licence-globale/#comments Wed, 03 Nov 2010 13:24:33 +0000 Mick Bergeron http://owni.fr/?p=27641 Michael Bergeron est étudiant à l’université de Sherbrooke au Canada, où il travaille sur les liens entre commerce électronique et industrie musicale. Il partage ses réflexions sur son blog, www.mickbergeron.com.

Il nous livre aujourd’hui son point de vue de québécois sur la licence globale.

Petit Québécois que vous êtes, vous ne connaissez peut-être pas le concept de licence globale. Cela provient de nos petits cousins de l’autre côté de l’océan. Une idée pour contrer une fois pour tout le piratage et le téléchargement illégal. Une solution qui serait enfin supportée par le gouvernement concernant l’industrie de la musique. Le concept de licence globale est divisé en 3 mentalités :

1- De type « universelle » : Les fournisseurs d’accès à Internet à travers le monde prélèvent un montant précis à chaque abonné ayant une connexion à haut débit. Que l’abonné télécharge ou non.

2- De type « optionnelle » : L’abonné décide de payer ou non un montant précis. Des peines sévères peuvent être engendrées pour ceux qui téléchargent sans débourser le montant demandé par les fournisseurs d’accès à Internet.

3- De type « à palier » : Un montant à prélever par les fournisseurs d’accès à Internet à travers le monde selon le volume de fichiers téléchargés. Donc, ceux qui ne téléchargent pas ne payent pas et vice-versa.

Licence globale, un beau concept sur le papier

Évidemment, l’idée est intéressante sur plusieurs points de vue : les maisons de disque pourraient rentabiliser la musique et les artistes. Cependant, l’idée ne sera jamais supportée globalement. Pourquoi ? Parce que :

1- Les lois et technologies à travers les différents pays ne sont tout de même pas aux mêmes endroits. Le Canada par exemple est très en retard, en comparaison avec plusieurs pays, sur les lois en lien avec le téléchargement et les droits d’auteurs.

2- Politique + bureaucratie + gestion = problèmes sur toute la ligne. Mettre en place une interface globale demande une énorme capacité de gestion, de temps, de ressources financières et humaines. Bref, pratiquement irréalisable à grande échelle.

3- La redistribution aux artistes est un énorme point d’interrogation. Comment et qui décide du montant qu’un artiste peut recevoir. Il n’a aucun moyen de réellement connaitre la part de chacun des artistes.

4- Des pertes d’emplois… : La licence globale rend désuets et superflus de nombreux postes dans le bout en bout de la création d’un produit musicale. Beaucoup d’artistes ne voudront plus se risquer dans la création physique d’album et même si ce support devient de plus en plus « dinosaure », l’industrie n’est pas prête à s’en débarrasser immédiatement. Alors, c’est toute une industrie qui sera chamboulée et non seulement freinée (en comparaison avec le téléchargement illégal).

Le sujet du moment dans l’industrie de la musique

Comment rentabiliser le tout. L’industrie s’avoue pratiquement vaincu devant le téléchargement illégal, pas seulement ce fait, mais aussi le téléchargement et le streaming gratuit qui prend de plus en plus de place. Alors, comment donner de l’argent à l’artiste, au distributeur, etc. Cela amène donc à avoir des solutions comme la « licence globale », par contre, on se rend rapidement contre que cette solution est invraisemblable.

Steve Jobs, toujours l’homme de la situation ?

Bien que l’idée de base tourne depuis un petit moment sur la toile, la solution que Steve Jobs veut amener permettrait de contrer le piratage tout en monétisant l’industrie. Un montant X par mois pour avoir accès à la totalité de la musique d’iTunes Store. En fait, Apple n’est pas le seul à avoir eu cette idée : Rhapsody, Napster et même le service de Zune permettent déjà d’utiliser ce genre de service. Alors pourquoi Apple fonctionnerait plus que les autres? Parce qu’iTunes est LE grand joueur. Avant tout, iTunes possède près du double de chansons disponible en comparaison avec Napster. Il faut dire aussi que la musique de Rhapsody ne fonctionne pas sur iPod. Ouf.

Licence globale ou pas ?

Non. Du moins, pas pour le moment. Cependant, la proposition de Steve Jobs d’offrir un montant à payer par mois devient déjà plus acceptable et réaliste. Surtout en considérant Apple comme un des plus gros joueurs dans le domaine de la musique maintenant et possède l’influence nécessaire de faire bouger les choses. Au final, un montant pas mois pour avoir la musique illimitée est vraiment intéressant, mais prendra du temps à être vraiment utilisé de façon efficiente et efficace comme modèle d’affaire et de monétisation.

Article initialement publié sur mickbergeron.com

Crédits photos : Mick Bergeron & FlickR CC benadamson TechShowNetwork

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Estonie: comment Internet est devenu un droit de l’homme http://owni.fr/2010/06/08/estonie-comment-internet-est-devenu-un-droit-de-lhomme/ http://owni.fr/2010/06/08/estonie-comment-internet-est-devenu-un-droit-de-lhomme/#comments Tue, 08 Jun 2010 14:04:47 +0000 Agnes Karpati (EFP) http://owni.fr/?p=17861 L’Estonie est un des pays les plus connectés d’Europe et a rendu une large partie de son administration et de son économie dépendante des nouvelles technologies de communication. En découlent deux conséquences majeures : Internet devient un droit (de l’Homme) et la sécurité du réseau devient primordiale.

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En Estonie, on voit souvent Internet comme un droit de l’Homme. Cela peut paraître un peu étrange si on compare ce “droit” avec ceux énoncés dans la Déclaration des droits de l’Homme comme le droit à la vie, à la liberté, à la vie privée, à l’éducation, qui sont les exigences minimales de la justice, de la tolérance et de la dignité humaine.

Ce que l’on appelle la première génération des droits de l’Homme garantissent la vie et la participation politique. La seconde génération assure la subsistance des êtres humains, alors que la troisième génération est celle des droits de l’Homme collectifs, comme le droit à la paix ou à un environnement propre.

Un Etat connecté

En Estonie, Internet a été consciemment érigé en droit de l’Homme, le gouvernement voyant clairement comment créer une e-administration efficiente et rendre ces services disponibles pour tous, même dans les zones rurales.

Il a aussi reconnu le besoin du secteur privé d’être connecté au reste du monde. Des lois ont été promulguées pour appuyer cette idée. Par exemple, la loi sur les Communications Electroniques dispose que le réseau de téléphone public connecté à Internet doit être un service universel, disponible pour tous les usagers qui le souhaitent.

Il y a eu plusieurs programmes lancés pour équiper les écoles, les bibliothèques, les institutions gouvernementales et municipales d’une connexion internet et offrir leur services en ligne. Désormais plus de 150 systèmes d’information publiques existe, fournissant 1000 services différents.

La loi sur l’information publique dispose que toute personne doit se voir offrir la possibilité d’accéder à l’information publique via Internet dans les bibliothèques publiques. Virtuellement, toutes les transactions bancaires sont opérées via des canaux électroniques et l’administration publique se passe du papier.

Internet est devenu dispensable dans la vie quotidienne, et en Estonie, il garantit et facilite également la participation politique, l’éducation, la liberté d’expression, entre autres.

La question de la cyber-sécurité

Au moment de l’émergence d’Internet, les inquiétudes concernant la sécurité ont été simplement ignorées, et peu de gens pensaient à la protection contre d’éventuels abus. La question de la sécurité est venue plus tard, et les “cyber-incidents” ont attiré l’attention sur un nouveau problème: il faut sécuriser l’espace informatique d’une société dépendante du bon fonctionnement des technologies d’information.

Les attaques de 2007 menées contre les infrastructures d’information Estoniennes [NdT: cette année-là, le pays a été la cible de vastes attaques, pour en savoir plus], notamment contre des installations qui ont été qualifié plus tard d’essentielles, ont mis en évidence de nouveau scénarios, où la société d’information dans son ensemble pouvait être visée. La stratégie nationale de sécurité informatique reconnaît que l’économie toute entière pourrait pâtir des sérieuses conséquences en cas d’important dysfonctionnements, et Internet est considéré comme une infrastructure esssentielle.

Cette stratégie comporte cinq piliers destinés à renforcés la sécurité informatique : le développement et la large implémentation d’un système de mesures de sécurité, l’accroisement des compétences en sécurité infomatique, l’amélioration de son cadre légal, ainsi que le soutien et la coopération internationale. L’implémentation de ces mesures est visible, même si le détail des mesures n’est pas disponible au public.

Le secteur financier a des exigences de sécurité informatique plus strictes depuis cette année. ISKE (Système de protection informatique de base à trois niveaux [NdT : voir ici] est implémenté dans le secteur public, de nouveaux programmes universitaires en sécurité informatique ont débuté, des conférences sont tenues par la nouvelle institution de l’OTAN, le centre d’excellence coopératif de cyber-défense [NdT : Cooperative Cyber Defense Centre of Excellence, institution de l'OTAN installée à Tallinn qui planche sur les cyber-conflits, voir ici]. La promotion soutenue de la société d’information est désormais suivie par une action coordonnées destinée à sécuriser ce “cyber-espace” sur lequel la société repose.

L’omniprésence des technologies d’information fait d’Internet un droit essentiel

Est-ce possible alors de dire qu’en Estonie, l’accès à un cyber-espace sécurisé est un droit de l’Homme ? Probablement que cette nouvelle perception de la sécurité informatique va dans ce sens.

Certains e-services peuvent être considérés comme des droits de l’Homme de première et de deuxième génération, étant donné que le droit à l’information est prévu par la Constitution ou que la liberté d’expression et d’association sont fixées par la convention Européenne des droits de l’Homme. Considérant le poids de la banque électronique en Estonie, on pourrait en conclure qu‘Internet sous-tend l’économie toute entière et donc beaucoup d’aspects de la subsistance humaine en Estonie. Beaucoup de droits de l’Homme peuvent être exercés dans et grâce à Internet et la population a été incitée à le faire. Cependant, si un état promeut l’émergence d’une société de l’information, alors le cyber-espace doit être sécurisé, sans quoi de grands dommages pourraient s’ensuivre pour les citoyens.

De fait, l’état doit faire de grands efforts pour minimiser les risques et maximiser les bénéfices découlant de sa politique.

Certains, dont les comptes en banque ont été vidés par les cybercriminels savent qu’il est possible d’obtenir une compensation de leur banque. Par analogie, il serait intéressant de voir comment l’état pourrait assumer une quelconque forme de responsabilité, découlant d’un niveau de sécurité insuffisant ou d’un incident. La conclusion qui peut être tirée est que ce concept de droit à Internet évolue plutôt en Estonie vers un droit à un Internet sûr.
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Billet originellement publié sur Estonian Free Press, sous le titre “Internet As Human Right: This is Estonia!” -

Vous pouvez également aller lire cet état de lieu de l’avancement technologique de l’Estonie sur le site de la BBC, avoir un aperçu de l’ampleur de l’utilisation du WiFi dans le pays.

Traduction : Martin U.

Crédit Photo Flickr : CFarivar.

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L’overdose gay de Lady Gaga http://owni.fr/2010/06/04/loverdose-gay-de-lady-gaga/ http://owni.fr/2010/06/04/loverdose-gay-de-lady-gaga/#comments Fri, 04 Jun 2010 10:14:01 +0000 Didier Lestrade http://owni.fr/?p=17500 Nous en sommes désormais à la millième citation de la star bionique en défense des droits des gays. C’est tellement répétitif que l’on se demande pourquoi les médias LGBT prennent encore la peine (car c’est une peine croyez-moi) de trouver des superlatifs nouveaux par rapport aux déclarations précédentes. Je pose la question : pendant combien de temps une star peut-elle radoter sur la pédalerie ?

Hey, je n’ai rien contre les stars globales qui prennent fait et cause en faveur des droits des personnes gay, bi, les lesbiennes, les trans, les intersexuées et les questionning et whatnot (le whatnot va devenir très central dans les années qui viennent, il me semble).

Cela fait deux ans que Lady Gaga est connue, cela fait un an qu’elle est N°1 major, et un fil conducteur suit cette explosion cross-over. Elle n’arrête pas de parler des gays. C’est une obsession. C’est parti du traditionnel « Mon public gay est vraiment groovy » à « Je défends les droits des personnes LGBT » au récent et définitif :

« Je défendrai toujours les droits des personnes LGBT, jusqu’à ma mort ! »

Bien sûr, il y a des variantes. Si elle se casse les deux jambes, elle pourra dire : « J’ai beau être immobilisée right now, mais cela ne m’empêchera pas de défendre les droits des personnes LGBT avec mes bras ». Quand elle recevra son premier Oscar, elle dira : « Tout ceci aurait été impossible sans les papas gays adoptifs ». Et quand elle sera morte, il y aura sur sa plaque : « Lady Gaga. Elle a défendu les droits des homosexuels ».

La question que je me pose, donc, c’est combien de temps on peut tenir avec un discours si con ? Je sais bien : il reste de nombreux coins du monde où Lady Gaga n’a pas encore « breaké » et si vous mettez ça dans le contexte de la Mongolie, le discours pro gay de Gaga a un potentiel libérateur inouï, “gay truth is marching on”, même à Ulan Bator.

Mais comme nous apprend le 19 mai dernier un très triste article du NYT, la Mongolie a actuellement des problèmes autrement plus graves avec le dernier hiver hyper dur et une sécheresse sans précédent qui viennent d’achever 20% du cheptel national. C’est énorme pour un pays qui vit de l’élevage et du coup, des dizaines de milliers de Mongols sont mis “à la rue”.

La Mongolie attendra donc pour le message émancipateur de Lady Gaga, qui est pourtant en train de se déverser sur 95% du reste de la planète. Son cri pro-LGBT précède désormais la musique, les apparitions, les concerts, les masques-chapeaux vénitiens / Leigh Bowery de l’hyprastar du XXIème siècle. Elle a un moteur intégré qui lui permet de répéter sans cesse, en 300 langues et 547 idiomes s’il vous plait, les mêmes phrases pro-gay et cette répétition met en valeur l’aspect robotique de cette jeune chanteuse qui, quand elle a une idée, la pousse à son paroxysme.

Mais laisse le tranquille!

Vient alors un moment où les personnes LGBT elles-mêmes comment à s’interroger sur une telle insistance. Les personnes LGBT sont-elles les seules, à travers le monde, à mériter un tel mouvement de sympathie? Mieux : que va-t-il se passer lorsque les conseillers de Gaga vont lui dire qu’il est temps de passer à une autre minorité souffrante ? Faut-il s’attendre à des conférences de presse avec des mémos imprimés sur papier Bristol 350gr qui expliquent que Lady Gaga est en train de pratiquer un switch stratégique des homosexuels vers les gens du voyage ? Ou alors répondra-t-elle dans les interviews :

« Vous savez, c’est fini mon discours en faveur des personnes LGBT car je suis passé à autre chose de plus novateur. J’attire votre attention sur le fait que les autistes ont développé un mouvement de libération grass roots qui est très proche du Gay lib. Leur slogan, c’est « We’re strange, get used to it ». J’aime beaucoup ça. Moi-même je suis strange. Je prépare un remix de “In My Language” ».

Pour une vieille comme moi, qui a été témoin de la présence de plus en plus importante du discours gay dans la pop depuis 40 ans, Lady Gaga représente un sujet d’émerveillement et de gerbe à la fois. Elle s’empare du sujet avec une telle obsession qu’on se demande qu’est-ce qui lui prend, et surtout : pouvons-nous récupérer notre sujet s’il vous plait, maintenant qu’il appartient plus à Lady Gaga qu’à nous ? Nous nous sommes fait voler ce qui nous appartenait ! Ça devient comme Bono pour l’Afrique : c’est le blanc qui devient plus célèbre que Mandela et ça ne plait pas à tout le monde, I’m telling you !

Franchement, si j’étais dans un groupe LGBT radical (ooooooh, c’est déjà une idée si difficile à imaginer !), je crois que je préparerais un happening où Lady Gaga serait confrontée à des folles qui auraient des pancartes : « STOP EATING MY DIN DIN, BITCH ! » ou « C’est ma brioche que tu manges, Marie Antoinette ! ». Il y a de nombreux sujets qui ont été ainsi détournés par des célébrités. Au début, ça se passe bien, tout le monde est content de découvrir une nouvelle porte-parole, surtout quand elle est aussi énorme que Lady Gaga. Après tout, c’est l’artiste N°1 de Now. On devrait être ravis. Alors, pourquoi cette gêne ?

Parce que ce serait intéressant de mesurer, dans quelque temps, si le discours rabâché de Lady Gaga sur les droits des gays fait reculer l’homophobie et aura aidé le mariage gay, par exemple. Après tout, de telles études sont faciles à faire et je parie même que les premiers chiffres sont sur le « bureau » de Lady Gaga as we speak.

Mais si ce n’est pas le cas, par exemple si son discours gagaesque n’a pas le moindre impact en Ouganda ou au Malawi, est-ce que ça veut dire que nous aurons offert notre identité à Lady Gaga, sans rien dire, pour qu’elle gagne plus de fric ? Elle ne ferait pas mieux de s’engager pour la Palestine, c’te conne ? Vous voyez ce que je veux dire ?

L’overdose homosexuelle de Lady Gaga n’engage rien et ne coûte rien. Si elle parlait de Ouïghours, il y aurait un impact. Parler des gays comme elle le fait depuis deux ans, c’est sucer la substance homosexuelle sans vraiment transformer les choses. Grâce à Gaga, le sujet gay est encore plus dévoyé, délavé, sans que les gens se posent vraiment des questions sur les gays.

C’est un sujet comme la météo. C’est comme si Gaga disait : « J’adore le soleil ! ». Ah ouais, super. Tu vas être super contente avec le réchauffement climatique, bitch.

> Article initialement publié sur le blog de Didier Lestrade

> Illustrations par A Hermida et Billie Joe’s Entourage

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Journaliste : Protège-toi, le ciel t’aidera! http://owni.fr/2009/12/30/journaliste-protege-toi-le-ciel-t%e2%80%99aidera/ http://owni.fr/2009/12/30/journaliste-protege-toi-le-ciel-t%e2%80%99aidera/#comments Wed, 30 Dec 2009 16:34:41 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=6566 La loi sur la protection des sources des journalistes vient d’être adoptée par le Sénat. Un an de sommeil sénatorial d’une loi presque enterrée resurgissant pour en arriver à ce vote du 21 décembre 2009. L’Assemblée Nationale avait d’ores et déjà validé le texte, le Sénat à suivi. « Le secret des sources des journalistes est donc enfin protégé dans l’exercice de leur mission d’information du public » dit ce texte.

Comme cela était prévu, la majorité prézydentielle et le Nouveau Centre ont voté pour, le PS contre. Quant au PCF et aux verts, ils furent, curieusement, absents du débat. A l’étude depuis le printemps 2008, le Sénat modifie le texte en novembre 2008 renvoyant l’assemblée à ses études…

Assemblée qui décidera que dorénavant, il ne sera plus possible de “porter atteinte directement ou indirectement” au secret des sources journalistiques. Excellente nouvelle sur le papier tant les attaques se sont multipliées contre les droits, ne serait-ce que d’auteur, de cette profession ou dans le cadre de scandales judiciaires ayant noirci des tonnes de papier.

Le problème majeur réside en ceci que ce secret des sources peut être levé à titre « exceptionnel » face aux impératifs d’intérêt public. Sénat et Assemblée sont tombés d’accord pour dire que : “le secret des sources des journalistes est protégé dans l’exercice de leur mission d’information du public ». La mention « à titre exceptionnel » disparaît pour devenir  « si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi ».

Merveille de sémantique et de syntaxe creuse… permettant globalement de laisser décider les autorités judiciaires et / ou politiques de l’interprétation de ce texte.

L’ensemble du parcours de l’info sera « protégé », le texte s’appliquant à l’ensemble de la chaîne d’information … mais les exceptions sont tellement nombreuses que les journalistes ne seront pas tellement protégés, pas plus que leurs sources. La gravité du délit, du crime, déterminera le niveau de protection des sources … Encore une question d’interprétation et d’appréciation par la chose judiciaire et politique. Clearstream est encore dans les mémoires. Denis Robert doit s’en souvenir. Le jour où les pouvoirs n’étaient en aucun cas séparés…

« Une carte de presse ne saurait délier un citoyen de ses droits », pense le député Nouveau Centre Rudy Salles et Jacques-Alain Benisti, de la majorité prézydentielle (UMP) reconnaît en cette loi un « texte équilibré ».

La liberté s’arrête où commence les intérêts…

La portée de la loi est réduite par ses exceptions d’application, par l’interprétation qu’il est possible de faire de ce texte et des conditions de levé du secret des sources. A chacun, en fonction des affaires -on pensera volontiers ici aux affaires politico-financières-  de décider de protéger ou non les sources. En l’occurrence, on peut avoir des doutes à la lumière de ce que fut le procès des emplois fictifs de la Mairie de Paris, de la condamnation de Juppé, de Clearstream, ou des procès à venir dans lequel Chirac est impliqué. Nul doute que les journalistes et leurs sources seront parfaitement protégés ! /-)

Ne plus permettre aux journalistes et à leurs sources d’être protégés dans leur travail, pour la crédibilité de leurs enquêtes, de leurs recherches, c’est porter atteinte à une profession parfaitement et absolument essentielle à la pérennité d’un régime démocratique.

Porter atteinte aux droits des journalistes, c’est garantir au pouvoir une potentielle impunité face à une justice aux ordres et une presse parfois téléguidée par le Palais de l’Elysée.

Ne plus protéger les sources, c’est judiciariser potentiellement toute personne ne caressant pas dans le sens du poil les présumés innocents, les vrais et les faux coupables. Les lièvres que lèvent les journalistes ont souvent débloqué des instructions, apporté des éclaircissements nécessaires à la compréhension d’affaires judiciaires, politiques, économiques, financières.

C’est aussi donner aux citoyens un accès à l’information moins calibrée que la version lisse arrangeant tout le monde.

Quel contexte judiciaire à venir nécessite que ce type de loi liberticide soit voté et adopté par  nos assemblées ?

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