OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Consommation collaborative: “garçons, un café!” http://owni.fr/2011/08/16/consommation-collaborative-%c2%ab%c2%a0garcons-un-cafe-%c2%a0%c2%bb-starbucks-carte/ http://owni.fr/2011/08/16/consommation-collaborative-%c2%ab%c2%a0garcons-un-cafe-%c2%a0%c2%bb-starbucks-carte/#comments Tue, 16 Aug 2011 15:06:33 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=76311

Il existe une tradition dans les cafés napolitains. Lorsque ceux-ci sont remplis de cols blancs en manque de caféine, prenant leur pause ou discutant affaires, il peut arriver qu’au lieu de faire l’appoint, le client transforme sa monnaie en caffe’ sospeso (littéralement, “café en suspens”). Il permet ainsi au malheureux qui n’a pas de liquide et de boire tout de même son café. Pour cela, il lui suffit de passer la tête et de demander au barman s’il reste un café pré-payé.

Caffe’ sospeso americano

Cette tradition a aujourd’hui traversé l’Atlantique, grâce à un individu et un peu de technologie. Alors qu’il teste une application lui permettant de relier sa carte de paiement chez Starbucks à son téléphone, Jonathan Stark se retrouve confronté à un dilemme: l’application est inutilisable tant sur son iPhone que sur son Nexus. Malin, il fait une copie d’écran de la carte virtuelle depuis l’iPhone pour l’utiliser avec le Nexus. Arrivé au comptoir, il présente l’image, et parvient à payer son café.

Épaté de pouvoir payer avec une simple image, il s’empresse de le raconter à ses lecteurs sur son blog, le 14 juillet au matin. Avec, en illustration, la fameuse image qui lui permettait de payer. Pour que les lecteurs puissent vérifier par eux-mêmes, il a crédité sa carte de 30 dollars et leur a proposé d’essayer dans leur Starbucks habituel.

La carte est vidée rapidement et il remet 50 dollars pour permettre aux habitants de la Côte Ouest d’essayer à leur tour. Le 15 juillet, un de ses amis crédite la carte depuis le site de Starbucks. Le 18 juillet, il créé une API pour permettre aux gens de savoir combien d’argent il reste sur la carte. Une page dédiée, un compte Twitter et une page Facebook suivent rapidement.

Le petit jeu d’un développeur américain devient une “social experiment

Un monde où tout le monde peut avoir du café gratuit n’existe pas. Mais heureusement, des gens créditent régulièrement la carte. La douce vie de l’expérimentation sociale commence, cheminant tant dans les médias technophiles que sur les télévisions. Jonathan Stark doit sûrement y trouver son compte, puisqu’il a l’occasion de parler de lui.

Des jaloux le soupçonnent d’ailleurs de n’être qu’un infâme publicitaire produisant du buzz gratuit pour la plus grande chaîne de cafés au monde. Mais il n’en est rien. La multinationale déclare simplement :

Starbucks n’a pas connaissance du projet de Jonathan Stark, et n’a aucun lien avec lui, ou l’entreprise pour laquelle il travaille. Starbucks pense que son projet est intéressant et nous sommes flattés qu’il utilise Starbucks comme une partie de son expérimentation sur le “paiement en avance”.

Jolie petite histoire donc, qui crée d’ailleurs des émules puisqu’un certain Craig a également mis sa carte à disposition.

Les bobos offrent des cafés aux bobos

Pour autant, la petite anecdote sympathique ne fait pas que des heureux. Sam Odio, un entrepreneur un peu exaspéré par les bons sentiments émanant de cette expérimentation dans laquelle les bobos offrent des cafés aux bobos —“yuppies buy other yuppies coffee” — a décidé de se pencher sur la carte Starbucks de Jonathan, et de la détourner de son objectif initial.

Il crée donc une petite application lui permettant de savoir lorsque la carte en question contient une quantité importante d’argent. Il se rend ensuite dans son Starbucks pour acheter des cartes cadeaux, et réussi ainsi à cumuler 625 dollars.

Il a ainsi mis aux enchères sur eBay une carte contenant 500 dollars. L’intégralité de la somme obtenue sera reversée à une association caritative :

Suis-je le seul à penser que d’offrir à son prochain fix de caféine à un étranger n’est pas ce dont nous devrions nous préoccuper aujourd’hui ?

La réaction de Jonathan Stark face à ce hack ressemble à celle de Dieu après avoir offert la Terre aux Hommes :

J’ai n’ai fait que créer un outil, il n’y a rien à faire. Je pense que les gens n’auront que ce qu’ils méritent, en bien ou en mal.

Car Jonathan lui-même ne crédite plus sa carte et, à la manière du caffe’ suspeso, on suppose que les gens qui s’offrent un café avec l’argent des autres n’hésiteront pas à recréditer la carte par la suite.

Un simple retour d’ascenseur, ou comment comprendre le désarroi de Dieu.

[màj - 19h30] – Le 12 août dans la nuit, la carte de Jonathan a été désactivé, suite à l’action de Sam Odio. Jonathan déclare sur son site que ce n’est que le commencement de quelque chose de plus grand, et que les gens n’hésiteront plus à payer en avance pour d’autres personnes.


Illustration Flickr PaternitéPas d'utilisation commerciale pure9

Publié initialement sur le blog d’Alphoenix

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Le tiers état des tiers-lieux http://owni.fr/2011/02/28/urban-after-all-s01e06-le-tiers-etat-des-tiers-lieux/ http://owni.fr/2011/02/28/urban-after-all-s01e06-le-tiers-etat-des-tiers-lieux/#comments Mon, 28 Feb 2011 09:27:40 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=48894 Urban After All S01E06

“On se retrouve au Starbucks pour la réunion compta de lundi ?”

Que celui qui n’a jamais organisé de réunions professionnelle dans un “café wi-fi” me jette le premier commentaire. C’est en effet l’une des évolutions majeures de nos modes de vie urbains et connectés. Les Starbucks n’ont évidemment pas inventé l’eau chaude (ni les sourires), mais ce qui était il y a quelques années encore une exception est en passe de ne plus surprendre personne.

Hier cantonnés aux bureaux, les lieux de travail se “délocalisent” en effet grâce à la démocratisation des terminaux connectés (portables, smartphones ou tablettes associés à l’informatique en nuage). Ainsi, et bien que le télétravail peine “officiellement” à percer en France, 73% des cadres déclarent travailler en dehors de leur bureau, selon une étude Editions Tissot / OpinionWay. En conséquence de quoi 41% des sondés estiment que le lieu de travail de demain sera “dématérialisé”.

Contrairement à une idée relativement répandue dans l’inconscient collectif, le télétravail ne se limite pas au travail à domicile. Les cafés et restaurants, par exemple, sont devenus en quelques années les lieux pivots de ces nouvelles formes de travail “hors-sol”. Un siège, un café / sandwich et une connexion wi-fi, le tour est joué. McDonalds l’a bien compris, qui met en scène sa nouvelle fonction (le wi-fi gratuit) dans une pub australienne subtilement baptisée “Wi-fries”. Simple et efficace.

Les tiers-lieux, couleur café

Ces usages émergeant portent un nom. On parle ainsi de “tiers-lieux” (“third places” en anglais) pour évoquer la nouvelle fonction de ces espaces de pause, les deux “lieux” de base étant donc le domicile et le travail. C’est d’ailleurs avec cette formule qu’Howard Schultz, président de Starbucks, décrit sa vision de la chaîne. La compagnie s’est logiquement (re)positionnée comme porte-étendard de ces nouveaux usages, en combinant accès wi-fi et clientèle de cadres bobos early adopters / prescripteurs. Encore une fois, ce n’est certes pas Starbucks qui a inventé ces pratiques (ancestrales, rappelons-le), mais son explosion a acceléré la démocratisation des usages. Au point d’obliger les cafés “traditionnels” à suivre le mouvement pour échapper à la “crise des bistros” ? [Note : on compte aujourd’hui 30 000 cafés en France, contre 200 000 dans les années 60...]. Il va peut-être falloir s’y faire, si l’on en croit The Pop-Up City (qu’on aime beaucoup), qui considère les cafés “multi-tâches” comme l’une des tendances majeures pour 2011 :

“Alors que les Starbucks et autres chaînes de cafés cherchent à coloniser les centres-villes du globe avec de nouvelles enseignes, la culture des “cafés” elle-même commence à dépasser les décors proprets de ces fameuses chaînes.”

Autrement dit : finis les bistros du coin, place aux cafés/laverie ou cafés/vélo, les combos sont infinis ! De même, ce café lyonnais prône clairement ses intentions en quatre mot-clés : “food wifi musik liquors”. “Tout ce qui compte dans un café du 21e siècle”, résume ainsi mon compère Nicolas Nova.

L’évolution semble faire des émules aussi en milieu rural, comme en témoigne cette initiative du Pays de l’Yonne dont on nous dit (un peu candidement) que des “Cafés de Pays émergent ça et là à la campagne, un peu cafés, un peu lieux de concerts, d’expo, de multi-services (poste, pain, etc), de plus en plus dotés de connexions WI-FI et propice au travail autour d’un verre”. Un positionnement visant donc à garantir la continuité des usages professionnels à distance, dans un cadre toutefois plus ludique que le domicile ; en un mot, du “tiers-lieu”.

Un remède au mouvement permanent ?

Certains regretteront cette évolution, d’autres non (à vos commentaires), mais le fait est là. Comment expliquer cette tendance ? On l’a dit : les tiers-lieux existent principalement grâce à la démocratisation des nouveaux terminaux technologiques, qui permettent la gestion du “quotidien à distance” (la formule est du Groupe Chronos, auteur d’un séminaire et d’une étude sur la question. Disclaimer : c’est par ailleurs mon ancien employeur). Dit autrement, “ce n’est donc pas le lieu qui fait le tiers-lieu”, mais l’usage qui en fait. Si les cafés offrent donc un cadre confortable à ces nouveaux usages (pour peu que l’on soit équipé et qu’eux-mêmes fournissent un service de connexion idoine), ils ne sont donc pas les seuls à pouvoir se définir comme tiers-lieux.

Le Groupe Chronos, justement, définit les tiers-lieux comme “ces lieux d’activités, entre domicile et travail, construits spontanément par les usages”. En insistant sur la spontanéité des usages (en réalité, relativement relative, on le verra), cette définition invite à étendre le champ des tiers-lieux au-delà des cafés-restaurants (et des télécentres précisément dédiés à cette fonction).

On inclura donc quelques lieux plus ou moins propices à ces usages : gares ou stations de métro, aéroports, voire même métros-bus-trains-avions eux-mêmes, commerces de proximité (tels que les Monop’), etc. A chaque fois, le tiers-lieu est envisagé (de manière explicite ou non) comme un levier marketing pour attirer les cadres pressés, qui trouveront donc sur place une assise pour finir leurs tableurs.

L’objectif est toutefois plus large que cette simple attractivité. En effet, les tiers-lieux participent à la “démobilité”, c’est-à-dire à la diminution des mouvements subis, en permettant par exemple aux travailleurs d’éviter un déplacement entre deux rendez-vous. C’est précisément là que se nichent les vertus des tiers-lieux, qui m’amènent donc à en promouvoir le concept. L’objectif, dans l’idéal : favoriser la compréhension de ces besoins (lieux de pauses permettant de limiter la pression du flux), afin de voir se développer de tels lieux de travail “délocalisés”.

La révolte des tiers-lieux

Il s’agira aussi d’élargir le périmètre du concept, en constatant que tout lieu est ainsi un tiers-lieu potentiel, du moment qu’il garantit un certain niveau de confort et de connectivité. Les bancs et surtout escaliers publics, en ce sens, sont de formidables tiers-lieu en puissance, comme je l’expliquais ici (billet repris sur OWNI)… à condition qu’on accompagne ces usages avec, pourquoi pas, un mobilier adapté (au risque d’entraver l’usage “réellement” spontané du lieu, comme le craint microtokyo ?)

Cette vision ne me semble malheureusement pas encore vraiment partagée. On observe bien quelques tentatives éparpillées, de la part des autorités urbaines, de faciliter l’usage opportuniste des lieux, mais les résultats sont rarement très… sexy (exemple à Lausanne, un mobilier “spécial wi-fi” capturé par Nicolas Nova). Peut-être me trompé-je de voie, mais les tiers-lieux sont à mon sens l’une des clés essentielles pour repenser la ville à l’heure des nouvelles technologies et de l’injonction durable, notamment parce qu’ils contribuent à diminuer les externalités négatives de nos modes de vies contemporains, hypernomades et hyperactifs. Dès lors, il me semble nécessaire de lancer la question dans le débat public : comment peut-on favoriser la mutation (ponctuelle ou non) des lieux urbains en tiers-lieux ? A la manière de l’abbé Sieyès, il s’agirait donc de se demander “qu’est-ce que le tiers-lieu ?” pour définir “ce qui reste à faire au tiers-lieu pour prendre la place qui lui est due”.

“Qu’est-ce que le tiers-lieu ?
Le plan de cet écrit est assez simple. Nous avons trois questions à nous faire:

1° Qu’est-ce que le tiers-lieu ? Tout, potentiellement.
2° Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre urbain ? Pas grand chose, en dehors du marketing.
3° Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose !”

A cette (vaste) question, nous tenterons de répondre dans un prochain billet de synthèse :-)

Chaque lundi, Philippe Gargov (pop-up urbain) et Nicolas Nova (liftlab) vous embarquent dans le monde étrange des “urbanités” façonnant notre quotidien. Une chronique décalée et volontiers engagée, parce qu’on est humain avant tout, et urbain après tout ;-) Retrouvez-nous aussi sur Facebook et Twitter (Nicolas / Philippe) !

Note : Une grande partie des réflexions exposées ici est hérité de mon passage au sein du Groupe Chronos. Afin de prolonger le sujet, vous pouvez d’ailleurs lire le fil de veille qu’ils consacrent au sujet des tiers-lieux. ]

Publicité McDonalds “Wi-Fries” via IBelieveInAdv
Advertising Agency: DDB, Sydney, Australia
Executive Creative Director: Matt Eastwood
Creative Group Head: Adam Rose
Art Director: Matt Knapp
Copywriter: John Downing

CC FlickR webponce Nicolas Nova
Photos du mobilier urbain sur Pop-up Urbain via Trendsnow.net via Mark A. Reigelman II ©
Promoting Interaction With Public Furniture. Powder coated mild steel, aluminium, Teflon & plastic. 12″x18,5″x22,5

Qu’est-ce le tiers-état : domaine public, via Wikipedia

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http://owni.fr/2011/02/28/urban-after-all-s01e06-le-tiers-etat-des-tiers-lieux/feed/ 25
Métro, boulot, PAS dodo http://owni.fr/2009/11/17/metro-boulot-pas-dodo/ http://owni.fr/2009/11/17/metro-boulot-pas-dodo/#comments Tue, 17 Nov 2009 20:43:14 +0000 Admin http://owni.fr/?p=5554 Vie de parisiens continue de nous (les parisiens) dépeindre avec une ironie cruelle. Je dois être fatigué, voyez vous-mêmes :

Le matin, le parisien n’est pas réveillé

De véritables cadavres errent dans les sous-sols de notre capitale. Et parce que vous en êtes, vous ne les voyez même plus. La nuit fut courte, votre boulot vous a fait sauter le repas du soir et ce matin, le réveil n’a pas sonné… Une belle journée s’annonce alors, mais vous n’en prendrez conscience qu’à l’occasion de votre première injection… de caféine.

» La suite sur vie de parisiens

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